Dans “Empreintes”. A 21h30 sur France 5

En 2012 Enrico Macias a célébré ses 50 ans de carrière et, au passage, ses 50 millions d’albums vendus. Le documentaire nous rappelle le rôle majeur joué par l’artiste dans la chanson française. Les premières images du film nous ramènent dans l’Algérie des années 1940, celle de l’enfance d’un certain Gaston Ghrenassia. C’est au nord-est du pays, dans la ville de Constantine, qu’il naît le 11 décembre 1938 dans une famille de musiciens. A la tête du clan, une forte personnalité, un génie dans son genre, son oncle Cheikh Raymond Leyris, maître de la musique arabo-andalouse. Aujourd’hui, Enrico Macias se souvient comme si c’était avant-hier, du soir où il a eu l’honneur d’intégrer son orchestre en qualité de guitariste.

Cheikh Raymond, personnage phare de la communauté juive, savait mettre d’accord les chrétiens et les musulmans, jusqu’au jour où… « Entre 15 et 22 ans, je n’ai pas eu de jeunesse, souligne Enrico Macias. Notre vie n’était plus qu’anxiété et deuils. » Le jeune Enrico va définitivement sortir de l’enfance le 12 juin 1961. Le charismatique Raymond est tué d’une balle dans le dos. « C’était un jeudi », dit l’artiste le regard fixe et humide, comme si la scène défi lait sous ses yeux. Se sentant désormais en insécurité, la communauté juive doit fuir. Dans l’urgence, les familles n’emportent que le strict nécessaire sur les paquebots qui voguent vers Marseille.

Gaston Ghrenassia est du voyage. Il compose à la guitare « J’ai quitté mon pays » en regardant s’approcher Notre-Dame-de-la-Garde. « Je chantais pour oublier ma peine, dit-il simplement. Je pensais qu’étant de nationalité française, nous les pieds-noirs, nous serions accueillis en France comme des gens de la même famille. Cela n’a pas été le cas et nous avons été reçus comme des étrangers », ajoute-t-il. A Paris, il devient le chantre des Français d’Algérie, réunissant autour de lui ses pairs qui partageront – et partagent encore – cette nostalgie qui donne à son répertoire sa couleur sépia.

Sophie Delassein

Article paru dans le teleobs : http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/la-selection-teleobs/articles/39987-enrico-macias-la-vie-en-chansons

Ce 18 janvier à 21h30, Enrico Macias sera à l’honneur d’un nouveau numéro d’Empreintessur France 5. Et c’est le 10 janvier dernier qu’il a découvert, à la SACEM, devant une salle remplie de connaissances et d’amis, ce documentaire. L’occasion de lui poser quelques questions sur son sentiment autour de cet hommage vibrant. Interview.

Quel a été votre impression après la découverte de ce numéro d’Empreintes autour de votre vie ?
Franchement, ça m’a beaucoup ému, ça m’a même bouleversé. J’ai oublié que c’était de moi dont il s’agissait ! J’étais comme un spectateur, je m’intéressais à ce que je racontais dans le film et il me semblait que j’étais un autre personnage.

Ce n’était pas trop perturbant ?
Non. C’était vraiment fabuleux ! Antoine (Casubolo Ferro, NDLR) a réalisé un film fantastique. Il a su décrire tout ce que j’ai dans le ventre et dans le cœur.

Vous racontez dans le documentaire que vous vous sentiez étranger à votre retour en France.
C’était le sentiment de tous ceux qui arrivaient d’Algérie. Nous avions au fond de nous-mêmes le drapeau français gravé dans notre cœur. Quand on a dû partir, nous pensions qu’on serait accueilli à bras ouvert. Ça a été le contraire. Je sais ce que c’est que d’être un étranger, tout en ayant un passeport français.

Comment décririez-vous votre musique ?
Il y a tout dans la musique comme dans la vie d’un être humain : les peines comme la nostalgie, les joies comme la fête. La fête, je la compare à l’espérance et l’espoir.

Est-ce une joie de voir que vos chansons sont sont devenues universelles ?
Oui, c’est une grande chance et un privilège formidable au bout de 50 ans de retrouver un amour et une communion pareil avec le public, c’est vraiment un don de dieu !

Empreintes est diffusé ce 18 janvier à 21h30

 

Article paru sur Tele Star : http://www.telestar.fr/2013/01/enrico-macias-emu-par-son-empreintes-sur-france-5/71329