LES ANNEES DE GALERE

L'arrivée de Gaston avec ses deux familles sur le sol de la Métropole le met vite face à ses responsabilités. Il faut trouver rapidement de quoi subsister. Il est décidé à tenter sa chance dans la chanson et il commence à courir les cabarets pour trouver des engagements.

En septembre, il retourne, seul, à Chateaudun du Rhumel où il occupe toujours son poste d'instituteur. Il revient à Paris pour les vacances de Noël puis en Février 1962 pour épouser enfin la femme de tous ses rêves, sa promise, Suzy.

Il retourne à Chateaudun jusqu'à la fin de l'année scolaire puis, face à l'inéluctabilité des évènements, regagne la Métropole définitivement.

De nouveau à Paris, il prend son courage, sa détermination et sa guitare et reprend sa course de cabarets en cabarets pour décrocher un contrat. Il essuie les sifflements, les huées mais ne se décourage pas malgré toute la tristesse qui l'assaille par moments. Il va aussi chanter dans les restaurants fréquentés par ses compatriotes.


Introduit par son papa chez Pathé Marconi, il enregistre son premier disque sur lequel figure "Adieu mon pays". Au moment de l'impression de la pochette, on lui demande de trouver un nom de scène un peu plus facile à retenir pour le public. Il se souvient du surnom qu'il avait lorsqu'il chantait avec les gitans à Constantine, "le petit Enrico". Va pour le prénom ENRICO ! Pour le nom de famille, c'est moins facile. Il pense simplement racourcir son propre patronyme et choisit Nassia. Il appelle donc la maison de disque et laisse le message à la secrétaire, ce sera Enrico Nassia. Y a t'il mauvaise compréhension au téléphone, confusion avec le nom d'un boxeur de l'époque, Rol Raton Macias ??? Lorsque le disque sort enfin, quelle n'est pas la surprise de Gaston de découvrir l'impression:

 

ENRICO MACIAS

 

Ce qui est fait, est fait. On ne peut plus rien y changer. Un nouvel artiste est né et 45 ans plus tard on le connait toujours sous ce nom de scène désormais célèbre à travers le monde.

Dans le même temps, Enrico décroche un premier contrat pour passer en fin de soirée dans un cabarat de Pigalle le "Robinson-Moulin-Rouge".
A ce propos, nous ne pouvons nous empêcher de vous retranscrire une anecdote qu'Enrico raconte dans son livre "Non, je n'ai pas oublié". Et surement, comme nous, tous les fidèles feront le rapprochement avec des instants que nous vivons dans chacun de ses concerts. C'est le premier passage d'Enrico dans ce cabaret. Il est tard dans la nuit. C'est le temps des "yé-yé", du rock'n roll et les clients ont, entre autres artistes, applaudi Johnny Hallyday au cours de la soirée. Au moment d'entrer en scène, Enrico est très anxieux. Il ne joue pas dans le même registre et sa première chanson est accueillie avec froideur par des spectateurs endormis. En réaction à cet affront, il a l'idée géniale de "baisser le micro, placer sa guitare de face, dans son dos, et d'une main, il attaque l'introduction d' "Adieu mon pays". Son public est conquis et une salve d'applaudissements salue la fin de sa chanson. Il a gagné !

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Petit Journal Montparnasse - 22 mars 2007


Mais ce n'est pas la fin des galères pour autant. Son contrat terminé au "Robinson-Moulin-Rouge", il continue de courir le cachet à Paris, puis sur la côte d'Azur durant l'été 62. Il se heurte aux radios qui refusent de passer son disque sur les ondes. Fin septembre, il se trouve à Vichy, finissant son contrat dans un petit cabaret, lorsqu'il reçoit un appel téléphonique d' Igor Barrère qui, préparant un reportage pour "Cinq colonnes à la une" sur le problème des rapatriés, souhaite le filmer durant son tour de chant. La première surprise passée, rendez vous est pris pour le 29 septembre au Palais de la Mutualité à ParisEnrico participe à un gala de bienfaisance pour les rapatriés.

L'émission passe sur le petit écran le 5 octobre 1962 et est le déclencheur d'un formidable succès, d'une aventure exceptionnelle qui, 45 ans après, dure toujours.

DE GASTON GHRENASSIA A ENRICO MACIAS

 

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