Enrico Macias, Paris, mars 2012. © LIONEL BONAVENTURE / AFP

Enrico Macias vient de fêter ses 50 ans de musique. Occasion pour le journaliste algérien Saïd Khatibi de lui rendre hommage, même si tout les oppose.

Cher Enrico,

Je vous écris ce matin tout en écoutant le disque de l’un de vos concerts maalouf. Votre voix constantinoise, profonde, votre cri et votre mélodie me font penser, ou plutôt rêver d’une Algérie plurielle, tolérante, fraternelle, cosmopolite où juifs, chrétiens et musulmans coexistent, comme avant, en paix.

En vous écoutant, j’essaie d’imaginer à quel point il serait beau, notre pays d’origine, s’il n’avait pas cédé à la tentation extrémiste et à la manipulation historico-politique.

Cher Enrico,

Entre vous et moi, il y a plus de quarante ans. Vous êtes de la génération de mon père, et moi celle de votre fils ou peut-être celle de votre petit-fils.

Vous avez vécu la Seconde Guerre mondiale, la guerre de libération, la vague de libération des pays du tiers-monde, et moi, je suis arrivé, plus tard, pour assumer, avec des millions de jeunes comme moi, la haine des uns contre les autres, vivre «la seconde guerre d’Algérie», la terreur des années noires, les massacres fratricides, et subir des échecs consécutifs de la période post-indépendance qui ne cessaient de se produire.

A l’école, on nous apprend: «Un juif, un ennemi!». S’agit-il de tous les juifs? de Juda Ibn Quraysh à Daniel Timsit, Reinette l’Oranaise et les autres?

La violence a coutume d’engendrer la violence. En tant qu’un jeune qui s’éloigne, de plus en plus, du jeu malsain du système, je vous ai toujours considéré comme une voix, surtout une voix et une musique réconciliatrice, qui traverse toute la machine de «haine de soi, haine de l’autre».

Une musique singulière, qui nous rapproche l’un de l’autre, qui fait face aux ennemis du dialogue, de la tolérance.

Cher Enrico,

Vous et moi, nous ne sommes pas d’accord sur maints sujets politiques. Nous sommes sur deux chemins différents.

Vous préférez reconnaitre et adhérer à une logique politico-idéologique, et moi, je garde mon engagement comme un apolitique. C’est votre liberté de conscience. Une conscience épanouie amène généralement à un bonheur continuel.

Vous êtes d’une rive politique, et moi d’une autre, mais, cela ne nous empêche pas d’être amis, et de continuer de vous écouter et de vous solliciter de me faire croire que notre Algérie, celle que vous chantez, serait un jour mieux que celle d’aujourd’hui.

Peut-être avec un peu de recul, et au fur et à mesure, notre regard change, et nos croyances bousculent, mais ce qui est sûr, le lien qui nous attache dépasse tout malentendu, tout un conflit provoqué par deux visions divergentes, il y a un lien identitaire, un autre historique, puis culturel qui me pousse à dire clairement, de mon point de vue que je partage avec de milliers de jeunes Algériens: tu es juif mais ton algérianité est indiscutable. 

Cher Enrico,

L’exil, une notion que vous comprenez parfaitement. Vous l’avez bien décrite dans Adieu mon pays. Et dans un répertoire musical qui s’étend sur cinquante ans. En terre d’exil, la joie manque de charme. Et les pires exils sont intérieurs.

La patrie ne vous a pas pardonné votre «différence». L’histoire du pays de Lala Fatma N’soumer vous a mis sur une liste d’attente, une attente qui s’allonge et qui se poursuit depuis 1962.

L’Algérie qui vous a rejeté hier, c’est la même qui rejette ses propres enfants aujourd’hui. Le drame est là, dans «une ingratitude annoncée», cinquante ans d’Indépendance ne nous a fait que sentir, de plus en plus, à quel point nous sommes exilés en notre terre natale.

Cher Enrico,

Derrière toute une vérité, il y a un mensonge, et derrière tout mensonge, il y a certainement une vérité. L’histoire, avec «h» ou bien «H», est là pour faire témoin de nos erreurs, de nos gloires manquées.

Demain, avec tout le changement qui touche la région arabe, avec tous les espoirs qui naissent, nous aurons «droit de rêver» de retrouver l’Algérie changer vers le meilleur, et se réconcilier avec son passé, et vous voir, avec votre guitare, à Constantine réaliser votre rêve, vous recueillir sur les tombes de vos ancêtres et chanter votre maalouf que des millions d’Algériens, comme moi, écoutaient, tous les jours.

Cher Enrico,

Après cinquante de carrière, j’aimerais vous dire merci, tout simplement merci, pour tous les bons moments que vous nous avez offerts. Une cinquantaine d’années de musique qui ont bel et bien commencé à Constantine, aux cotés de Cheikh Reymond, que j’aurais aimé fêter, en votre présence, dans les rues de cette ville millénaire.

Saïd Khatibi

 

Article paru sur : SLATE AFRICA

Pour fêter ses cinquante ans de carrière, fidèle à lui-même, Enrico Macias a voulu être entouré de sa famille et de tous ses amis.

A cette fin, et avec le concours de son fils Jean Claude qui  a assuré les arrangements, il a invité ses amis chanteurs, connus et moins connus, à reprendre avec lui ses plus grands succès de ces 50 années. C’est ainsi qu’est né son dernier album « Venez tous mes amis » sorti dans les bacs le 12 novembre 2012 et proposant 17 duos inédits.

Le cœur toujours généreux, Enrico avait réservé la primeur de certains de ces duos à son fidèle public lors d’une première fête à l’Olympia en septembre 2012 (voir nos articles sur cet évènement)

Mais il voulait réunir tout le monde pour son jubilé et c’est à un nouveau rendez-vous  boulevard des Capucines qu’il nous a conviés ce mardi 22 janvier 2013.
D’ailleurs, le public ne s’y est pas trompé, sachant instinctivement qu’il s’agissait d’une fête hors du commun, et c’est à guichet fermé que s’est déroulé le concert. Du premier rang jusqu’au dernier strapontin tout en haut du balcon, pas une place n’était libre.

Pour débuter la soirée, nous avons pu apprécier deux jeunes talents très prometteurs : Nill Klemm, chanteur compositeur qui a représenté la Suisse au dernier concours de l’Eurovision, et Riff Cohen que nous allions retrouver plus tard aux cotés d’Enrico et qui nous a donné à découvrir son univers musical, pétillant et rythmé, mis en valeur par une très belle voix.

Mais c’est pour une soirée de fête « maciasienne » que le public avait bravé le froid et la neige et après un court entracte, il a commencé à s’impatienter : « Enrico ! Enrico ! Enrico ! ». Alors les lumières se sont éteintes, le rideau s’est ouvert et l’orchestre au grand complet a entamé l’intro ; « C’est un livre d’histoire le violon de mon père …… »

Et à l’instant même où la salle a aperçu la belle chevelure blanche poindre derrière les musiciens, comme un raz de marée galopant,  l’acclamation de la salle est montée pour porter jusqu’à la scène tout son bonheur d’être à nouveau réunie avec son chanteur préféré. Costume sombre et chemise blanche, un sourire radieux illuminant son visage, Enrico a salué son public avant d’attraper sa guitare pour égrener les premières notes de la fête.

Si le spectacle était monté sur la même trame que celui de septembre 2012, il nous a toutefois réservé de magnifiques surprises tout au long de la soirée.
La première d’entre elle s’est incarnée sous les traits de la charmante Sofia Essaidi qui, avec beaucoup de maestria, a marié sa voix à celle d’Enrico pour nous offrir une version de « Paris tu m’as pris dans tes bras » légère, élégante et  tourbillonnante.
Malheureusement, Carla Bruni n’a pu accompagner  Enrico sur scène pour « les gens du nord » mais elle a tenu avec son mari à honorer l’artiste par sa présence dans la salle. Et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que les spectateurs, debouts, ont ovationné l’ancien président de la république.
Troisième surprise, la main sur le cœur, la voix chargée d’émotion, les yeux perdus à l’horizon, Enrico a célébré « La France de mon enfance », et chacune des personnes présentes a ressenti cette émotion étreindre son cœur et mouiller ses yeux.
Ainsi, durant deux heures, les duos, tous époustouflants,  se sont succédés et chaque artiste, sans se départir de sa propre personnalité et sensibilité, a rendu un vibrant hommage à l’ami et l’artiste, joignant sa voix à la sienne pour éclairer d’un jour nouveau les tubes que nous connaissons tous par cœur.
Se sont succédés sur la scène Riff Cohen pour « aux talons de ses souliers », Liane Foly pour « mon cœur d’attache », Dany Brillant pour « les filles de mon pays », Cabra Casay pour « il reste aujourd’hui », Gérard Darmon pour « sans voir le jour », Dani pour  « Oumparere », Toma pour « Mon histoire c’est ton histoire », Bruno Maman pour « ces étrangers » et Mickael Miro pour « le mendiant de l’amour ».

Nous vous avons déjà loué certains d’eux en septembre et, si tous ont été superbes, nous voudrions mettre à l’honneur Liane Foly qui, avec une interprétation superbe, est devenue le nouveau cœur d’attache d’Enrico, Cabra Casay qui a mis son tempérament de feu au service d’  « il reste aujourd’hui ».
Et nous voudrions aussi remercier Bruno Maman d’être venu sur scène interpréter « ces étrangers » chanson qu’il a écrite spécialement pour Enrico. Ce duo interprété avec beaucoup de sensibilité et d’émotion a donné une vraie grandeur à cette chanson qui, n’en doutons pas, va trouver tout naturellement une place de choix dans le répertoire maciasien.

Evidemment il n’y a pas de concert d’Enrico Macias sans la fête orientale et la soirée s’est terminée comme à l’habitude debout devant la scène, dans une ambiance de folie, sur les incontournables medleys oriental et israélien, symboles de cette fraternité entre tous les peuples, pour trouver son apothéose avec « l’oriental » et « el porompompero ». Une fois de plus, malgré le froid polaire sévissant sur le boulevard des Capucines, le soleil de l’amitié a réalisé son miracle et mis le feu à la mythique salle de l’Olympia.

Mais comme toutes les autres fois, le temps s’est écoulé trop vite et l’heure de se séparer a sonné.
Répondant avec générosité aux rappels du public qui en voulait encore, Enrico nous a offert, à capella, « enfants de tous pays » avant que le rideau rouge ne se referme définitivement et que les lumières de la salle nous rappellent à la réalité.

Ce fut vraiment une magnifique soirée et, dans une forme éblouissante, accompagné de tous ses amis, Enrico, a offert à son public un somptueux cadeau.

MERCI ENRICO POUR CES 50 ANS DE BONHEUR !

Encore une fois, JOYEUX ANNIVERSAIRE !

D’ores et déjà, rendez-vous est pris pour les 11 et 12 janvier 2014 dans la même salle !

Mais entre temps, nous aurons le plaisir de vous suivre dans une tournée nationale et internationale notamment sur le continent américain.

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Vous pouvez revoir le très beau documentaire diffusé hier sur France 5 dans le cadre de la série « Empreintes »

en suivant ce lien

Malheureusement nos amis étrangers n’y auront pas accès

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Dans “Empreintes”. A 21h30 sur France 5

En 2012 Enrico Macias a célébré ses 50 ans de carrière et, au passage, ses 50 millions d’albums vendus. Le documentaire nous rappelle le rôle majeur joué par l’artiste dans la chanson française. Les premières images du film nous ramènent dans l’Algérie des années 1940, celle de l’enfance d’un certain Gaston Ghrenassia. C’est au nord-est du pays, dans la ville de Constantine, qu’il naît le 11 décembre 1938 dans une famille de musiciens. A la tête du clan, une forte personnalité, un génie dans son genre, son oncle Cheikh Raymond Leyris, maître de la musique arabo-andalouse. Aujourd’hui, Enrico Macias se souvient comme si c’était avant-hier, du soir où il a eu l’honneur d’intégrer son orchestre en qualité de guitariste.

Cheikh Raymond, personnage phare de la communauté juive, savait mettre d’accord les chrétiens et les musulmans, jusqu’au jour où… « Entre 15 et 22 ans, je n’ai pas eu de jeunesse, souligne Enrico Macias. Notre vie n’était plus qu’anxiété et deuils. » Le jeune Enrico va définitivement sortir de l’enfance le 12 juin 1961. Le charismatique Raymond est tué d’une balle dans le dos. « C’était un jeudi », dit l’artiste le regard fixe et humide, comme si la scène défi lait sous ses yeux. Se sentant désormais en insécurité, la communauté juive doit fuir. Dans l’urgence, les familles n’emportent que le strict nécessaire sur les paquebots qui voguent vers Marseille.

Gaston Ghrenassia est du voyage. Il compose à la guitare « J’ai quitté mon pays » en regardant s’approcher Notre-Dame-de-la-Garde. « Je chantais pour oublier ma peine, dit-il simplement. Je pensais qu’étant de nationalité française, nous les pieds-noirs, nous serions accueillis en France comme des gens de la même famille. Cela n’a pas été le cas et nous avons été reçus comme des étrangers », ajoute-t-il. A Paris, il devient le chantre des Français d’Algérie, réunissant autour de lui ses pairs qui partageront – et partagent encore – cette nostalgie qui donne à son répertoire sa couleur sépia.

Sophie Delassein

Article paru dans le teleobs : http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/la-selection-teleobs/articles/39987-enrico-macias-la-vie-en-chansons

Ce 18 janvier à 21h30, Enrico Macias sera à l’honneur d’un nouveau numéro d’Empreintessur France 5. Et c’est le 10 janvier dernier qu’il a découvert, à la SACEM, devant une salle remplie de connaissances et d’amis, ce documentaire. L’occasion de lui poser quelques questions sur son sentiment autour de cet hommage vibrant. Interview.

Quel a été votre impression après la découverte de ce numéro d’Empreintes autour de votre vie ?
Franchement, ça m’a beaucoup ému, ça m’a même bouleversé. J’ai oublié que c’était de moi dont il s’agissait ! J’étais comme un spectateur, je m’intéressais à ce que je racontais dans le film et il me semblait que j’étais un autre personnage.

Ce n’était pas trop perturbant ?
Non. C’était vraiment fabuleux ! Antoine (Casubolo Ferro, NDLR) a réalisé un film fantastique. Il a su décrire tout ce que j’ai dans le ventre et dans le cœur.

Vous racontez dans le documentaire que vous vous sentiez étranger à votre retour en France.
C’était le sentiment de tous ceux qui arrivaient d’Algérie. Nous avions au fond de nous-mêmes le drapeau français gravé dans notre cœur. Quand on a dû partir, nous pensions qu’on serait accueilli à bras ouvert. Ça a été le contraire. Je sais ce que c’est que d’être un étranger, tout en ayant un passeport français.

Comment décririez-vous votre musique ?
Il y a tout dans la musique comme dans la vie d’un être humain : les peines comme la nostalgie, les joies comme la fête. La fête, je la compare à l’espérance et l’espoir.

Est-ce une joie de voir que vos chansons sont sont devenues universelles ?
Oui, c’est une grande chance et un privilège formidable au bout de 50 ans de retrouver un amour et une communion pareil avec le public, c’est vraiment un don de dieu !

Empreintes est diffusé ce 18 janvier à 21h30

 

Article paru sur Tele Star : http://www.telestar.fr/2013/01/enrico-macias-emu-par-son-empreintes-sur-france-5/71329

Pour son 50e anniversaire de carrière, l’auteur-compositeur-interprète Enrico Macias a concocté un album, Venez tous mes amis, truffé de collaboration et qui revient sur quelques-uns de ces plus grands titres.

Âgé de 74 ans,  Gaston Ghrenassia,  alias Enrico Macias a roulé sa bosse. En 50 ans de carrière, celui qui est à Constantine, en Algérie, a vendu plus de 50 millions d’albums. Venez tous mes amis, condensé de cette carrière, est composé de dix-sept duos inédits.

Enrico Macias a repris des titres que bon nombre de fans connaissent : La fille de mon pays, le mendiant de l’amour, les gens du nord ou encore Adieu mon pays, «l’hymne de tous les exilés et l’on peut être exilé de partout», selon le chanteur. C’est d’ailleurs la première chanson qu’il a écrite au tout début de sa carrière, en 1962.

Cali, Michael Miro, Dany Brillant, Carla Bruni, Corneille, Khaled, Sofia Essaidi, Riff Cohen, Dani, Natacha St Pier, Cabra Casay, Gérard Darmon, Bruno Maman, Liane Foly, Valérie Lemercier, Serge Lama, Toma sont les amis qui ont bien voulu rendre hommage à cet enfant d’Alger.

Une des plus touchantes de l’album est Orange amères que le chanteur interprète accompagné de Corneille ou L’oriental que Macias a repris avec Cheb Khaled, le roi du raï, qui vient de sortir C’est la vie, dont certaines chansons ont été produites par le contrebassiste et producteur Jean-Claude Ghrenassia, fils…d’Enrico Macias.

Enrico revient donc sur son répertoire dans de nouveaux arrangements de son fils, associé pour l’écriture des cordes à Jean Claudric, artisan de beaucoup de ses succès historiques.

Son précédent album Voyage d’une mélodie, co-réalisé par Ghrenassia et SoCalled, avait été apprécié du public et des critiques. Il s’agissait d’un album moderne, sous la forme d’une promenade musicale dans le monde juif séfarade (juifs d’Espagne et d’Afrique du Nord) et yiddish (ashkénaze juifs d’Europe Centrale et de l’Est).

L’album Venez tous mes amis est disponibleau Québec depuis le 27 novembre 2012. Enrico Macias sera en spectacle à Montréal, le samedi 1er juin 2013, à la salle WILFRID PELLETIER de Place des Arts.

Invité à Montréal, en novembre 2011, par le Festival Séfarad pour célébrer ses 50 ans de carrière, le chanteur Enrico Macias, avait été fait citoyen d’honneur de la Ville de Montréal par l’ancien maire Gerald Tremblay.

 

Article paru sur Touki Montréal.com : http://toukimontreal.com/actualites/2013/01/14/enrico-macias-fete-son-50e-anniversaire-avec-venez-tous-mes-amis/

Enrico Macias et Antoine Casubolo Ferro

Nous vous avons, ici même, dès novembre dernier, annoncé la diffusion d’un nouveau film documentaire sur notre chanteur préféré.

Jeudi 10 janvier, avait lieu au siège de la SACEM à Neuilly sur Seine, l’avant-première de ce documentaire réalisé par Antoine Casubolo Ferro et coproduit par UGOPROD et VANGLABEKE Films, avec la participation de France Télévisions, du CNC et de la SACEM.

ENRICO MACIAS LA VIE EN CHANSONS

Enrico Macias, qui n’avait pas vu le film auparavant, était, bien entendu, l’invité d’honneur de cette soirée qui réunissait autour de lui ses enfants, Jocya et Jean Claude, ses amis parmi lesquels Jean Claudric, Charley Marouani, Régis Talar, et ses fans.

La projection a été précédée d’une présentation du directeur de la SACEM et d’un très bel éloge de son président d’honneur, Claude Lemesle. Ce célèbre parolier, ami de longue date d’Enrico, a notamment souligné la « triple empreinte laissée par l’artiste dans le monde de la chanson : l’empreinte musicale de ses mélodies ensoleillées influencées par son héritage arabo-andalou, l’empreinte vocale d’une voix reconnaissable entre toutes et l’empreinte humaine d’un message d’amitié et de fraternité entre tous les peuples et les communautés ».

Antoine Casubolo qui a ensuite présenté son film a expliqué, qu’à l’âge de 6 ans, il croyait que la chanson « Adieu mon pays » était pour sa maman qui venait de quitter la Tunisie et qu’il pensait qu’Enrico était son Tonton. Ainsi, depuis toujours, Enrico Macias faisait partie de sa famille.

Réalisé dans le cadre de la collection de documentaires « Empreintes » de France 5 présentée par Annick Cojean,  ce film de 50 mn est un témoignage, tantôt  drôle, tantôt émouvant, du parcours exceptionnel d’un enfant de Constantine, tombé dans la musique dès sa naissance, et forgé par une histoire personnelle qui lui a enseigné l’amour de son prochain dans le respect et la fraternité.
Il nous retrace le parcours d’un homme qui, bien que souvent brocardé pour ses idées taxées de démagogues, a su garder son authenticité, la mémoire de ses racines, l’amour de sa famille, et poursuivre, malgré les épreuves, son combat pour la paix avec pour seules armes sa fidèle guitare et sa voix, toutes deux aux sonorités si chaudes et uniques, pour délivrer son message universel.

Enrico dit d’ailleurs de lui-même : « Toute ma vie, j’ai été un pont entre tous les conflits pour essayer de réunir tout le monde. Il ne faut pas oublier que je suis né dans une ville pleine de ponts. Alors je suis un homme de ponts ».

De chanson en chanson, de musique en musique, ce film nous fait voyager de nostalgie en airs de fêtes mais nous laisse toujours l’espoir d’un monde meilleur au son de la voix ensoleillée de ce chanteur qui a su si bien relier l’orient et l’occident.

Les invités qui sont passés, durant ces 50 mn, du rire à l’émotion pour finir avec quelques perles de larmes au coin des yeux, a salué par un tonnerre d’applaudissements à la fois le travail du réalisateur qui a su tracer ce si touchant portrait,  et l’œuvre de l’artiste qui lui, a su conquérir le cœur des foules.

Profondément ému lui aussi par ce double hommage, Enrico Macias est ensuite monté sur scène et, en remerciement, mieux que des mots, il a pris sa guitare et il a chanté quelques-uns des nombreux succès qui ont jalonné ces 50 ans de carrière et 50 millions de disques vendus

 

Nous ne saurions que vous recommander de ne pas rater la diffusion de cette émission sur France 5

Empreintes « Enrico Macias La vie en chansons »

VENDREDI 18 JANVIER 2013 à 21h30

et rediffusion

DIMANCHE 20 JANVIER 2013 à 7h45

 

Merci à Antoine Casubolo pour cette belle réalisation

Et Merci Enrico pour ces 50 années de bonheur

Que ça dure ainsi jusqu’à 120 ans !

Chanteur à succès, aimé sur les deux rives de la Méditerranée, Enrico Macias rêve de retourner sur les traces de son enfance et chanter en Algérie. En attendant de pouvoir le faire, c’est sur France 5 qu’il livre ses confessions intimes.

Paris. De notre correspondant   Jeudi dernier, dans l’auditorium comble de la SACEM, à Neuilly, était projeté en avant-première le documentaire du magazine Empreintes de France 5, consacré à la star des pieds-noirs, Enrico Macias, 74 ans, 50 ans de carrière et 50 millions d’albums vendus dans le monde. Ah ! Qu’elles sont jolies les chansons d’Enrico ! Elles ponctuent l’émission, intitulée justement «Une vie en chansons», programmée pour vendredi 18 janvier et rediffusée le 20 janvier. A la SACEM (organisme protégeant les droits d’auteur des artistes français), on se serait cru à un de ces mariages où les proches des mariés  projettent un film de leur vie concocté en douce, retraçant leur parcours jusqu’à ce jour de noces, faisant rire et pleurer l’ensemble des convives. C’était un peu pareil : Enrico, au cinquième rang, n’avait pas vu le film réalisé par Antoine Casubolo-Ferro. Il se murmurait déjà  que c’était l’une des plus «belles empreintes» de la collection.

Tout autour, avaient pris place sa famille, sa fille qui fêtait ce soir-là ses cinquante ans, son fils Jean-Claude, musicien lui aussi, mais qui a préféré la contrebasse à la guitare ou au mandole, «par amour du jazz», des petits-enfants, des proches et des fans de toujours, Manou Roblin,  la veuve de Jacques Demarny, parolier historique d’Enrico Macias, avec Pascal-René Blanc, que le chanteur cite beaucoup dans le sujet. Claude Lemesle, président d’honneur de la SACEM, eut ces mots qui précédèrent la projection, sans savoir qu’ils résumeraient si bien la construction même du sujet. S’adressant à Enrico Macias : «Tu es une empreinte musicale. Tes chansons te ressemblent et nous pénètrent. Une empreinte vocale. Il suffit d’écouter la radio pour savoir que c’est rare. Tu as donné tes chansons au peuple. D’abord, les rapatriés, puis pour toute la France. Et tu as étendu cette trace de façon internationale.» Réponse du musicien : «La SACEM est la première maison qui m’a accueilli à mon arrivée d’Algérie et où je me suis senti protégé.»

«La musique, c’est mon médicament»

Enrico n’a jamais pu y retourner depuis le départ précipité en 1962. Alors, forcément, toujours ce soir-là à la SACEM, les derniers mots du réalisateur, Antoine Casubolo-Ferro, ont eu un écho particulier : «En 1963, j’avais 16 ans. Je croyais que la chanson J’ai quitté mon pays était pour ma maman qui venait de quitter la Tunisie.» On comprit aussitôt que ce film avait constitué pour lui aussi une œuvre intime, où Enrico Macias, né Gaston Ghrenassia, à Constantine, le 11 décembre 1938, parlait à travers lui de l’histoire de tout un pan de la population française. La force du sujet est de nous faire rire. Il y a de la mélancolie, forcément de la nostalgie, mais aussi beaucoup de légèreté grâce à la faconde de l’artiste et cette musique contagieuse qu’il a le don de jouer, le malouf, répertoire arabo-andalou de Constantine. «La musique, c’est mon médicament», dit celui qui fut révélé par l’émission Cinq colonnes à la Une en chantant Adieu mon pays. Ses pérégrinations chromatiques révèlent les états d’âme, les convictions de celui qui veut être avant tout le chanteur de la fête. Les gens du Nord, Les filles de mon pays, Le Mendiant de l’amour, mais aussi Un berger vient de tomber, écrite quand le président égyptien, Anouar El Sadate, a été assassiné, et enfin Le voyage, titre phare de son album Oranges amères, chanté en 2008, après que les islamistes lui aient interdit d’aller en Algérie où le président Bouteflika l’avait pourtant officiellement invité.

Yacine Farah

Article paru le mardi 15 janvier 2013 sur El WATAN : http://www.elwatan.com/hebdo/france/revoir-sidi-mabrouk-et-mourir-15-01-2013-199529_155.php