Un voile particulier planait sur la soirée gitane de Marcel Campion cet été. Celui du deuil de son fils que le roi des forains accompagnait jusqu’à sa dernière demeure début août… Feu Philippe Campion, 47 ans, était pourtant bien présent lundi soir. Dans le cœur de son père bien entendu, mais aussi dans l’atmosphère gypsy qui se dégageait de ce rendez-vous donné au dernier moment par téléphone.
« J’avais tout d’abord songé tout annuler. Que mon fils parte avant moi qui ai 70 ans, vous comprenez ce n’est pas dans l’ordre des choses… Et puis en souvenir de Philippe, j’ai tout de même réuni une petite centaine de copains. On jouait ensemble sur cet album sorti début janvier pour les 100 ans de la naissance de Django Reinhardt », confie Marcel à propos de la musique qui accueille le cercle des amis à La Palmeraie de Gassin.
Le cadre intimiste d’une tente berbère a succédé à la plage Golfe Azur pour cette réunion de l’amitié et du souvenir au cours de laquelle les fidèles, dont Paul-Loup Sulitzer, ont tous eu un mot réconfortant pour Marcel et sa femme Linda.
Vers 1 h du matin, après un dîner marocain bercé par des aubades gypsies de Los Amigos, Enrico Macias empoigne la guitare pour un premier titre improvisé sous la voûte céleste.
A la table voisine, Félix Gray se rapproche avant d’en faire autant.
Puis vient une interprétation sans-filet du titre co-signé pour Patrick Bruel, « Au café des délices ». « C’est en Mi mineur. On va la faire à la gypsy ! », lance Félix à l’attention des guitaristes, dont Marcel Campion, qui se joignent à cette ronde des chansons.
Elle se poursuit logiquement, sous les yeux d’une Hermine de Clermont-Tonnerre très stylée, par « La Gitane ». La grande Zoa se lève. « S’il n’y avait pas eu Régine, cette chanson n’existerait pas. Elle était pour elle au départ », insiste Félix.
Tex réclame en plaisantant un triangle. Quelques minutes plus tard, il donnera de la voix pour entonner « Travailler, c’est trop dur, et voler, c’est pas beau/D’mander la charité, c’est quéqu’chose j’peux pas faire » de Zachary Richard, popularisée en France par Julien Clerc. Peu avant 2 h, Eddy Mitchell et son clan, repartent aussi discrètement qu’ils sont arrivés.
Marcel Campion termine cette belle veillée sur les notes cristallines de ce jazz manouche qu’il chérit tant. « Un bel hommage », conclut Enrico.
Article paru sur Varmatin.com