De passage au siège de Ouest-France, Enrico Macias est revenu sur ses 57 ans de carrière et son parcours de vie. Un artiste toujours aussi populaire qui déchaîne toujours les passions dans beaucoup de pays arabes, à commencer par celui de son enfance, l’Algérie. Dans un podcast à retrouver sur Le Mur des Sons, il raconte comment il est devenu l’enfant de tous pays.

Enrico Macias est un monument de la chanson française. Du haut de ses 57 ans de carrière et de ses 800 chansons, il a bercé plusieurs générations avec ses chansons. « Enfants de tous pays », « Le Mendiant de l’amour », « Les Gens du Nord », « Adieu mon pays », « Ouvre-moi la porte », « Les Filles de mon pays » ou encore « Poï Poï Poï »… On ne compte plus les succès.

À l’occasion de la sortie de son dernier album « Enrico Macias et Al orchestra », et alors qu’il effectue une tournée en France et à l’étranger, l’artiste de 80 ans était de passage au siège de notre journal à Rennes où il était l’invité de Dimanche Ouest-France.

 

OU VIA CE LIEN :
Le mur des Sons
Il en a profité pour se confier en podcast sur sa carrière, ses peines, et notamment la blessure jamais refermée avec l’Algérie, son pays natal, mais aussi le contexte politique et social. « Quand on me dit que je fais partie du patrimoine de la chanson française, cela me fait bien plaisir, explique-t-il dans cette interview audio à retrouver ci-dessus et sur Le Mur des sons d’Ouest-France. J’ai été très touché par la disparition de Charles Aznavour qui était mon maître dans la chanson française. C’était aussi un exemple, l’homme et l’artiste. »
Enrico Macias avoue ne pas avoir de secret pour durer. « Plus que la passion, c’est un privilège de me lever le matin et de me dire aujourd’hui j’ai un spectacle, une émission de radio, etc.. Continuer à faire ce métier à mon âge, c’est une chance et je n’oublie pas que malheureusement il y en a beaucoup d’autres qui n’en sont pas arrivés là. »
Des morceaux remis au goût du jour
L’artiste avoue jouer de la guitare tous les jours, car « c’est un besoin et aussi pour rester aussi au niveau, garder de la dextérité et la virtuosité. » Pourtant, Enrico Macias, né dans une famille de musiciens, n’a jamais pris des cours de musique. « Je suis un autodidacte. Mon père, qui était un grand violoniste, a beaucoup souffert pour gagner sa place. Il ne voulait pas que je souffre aussi alors il voulait que je devienne ingénieur. Mais je ne sais toujours pas ce que c’est ingénieur (rire)… Je suis d’abord devenu instituteur avant, très vite, de commencer dans la chanson. »
Depuis 57 ans, le chanteur n’a jamais cessé de travailler, traversant les générations. Son dernier album, imaginé avec son fils Jean-Claude, revisite justement quelques-uns de ses plus grands succès. « Les jeunes générations me connaissent à travers leurs parents. Je voulais qu’ils puissent avoir mon répertoire en tête. Certains morceaux avaient besoin d’être remis au goût du jour. »
« L’Algérie, une blessure »
Parmi ces morceaux, la chanson « Adieu mon pays » qu’il chante en duo avec Kendji Girac. « Je pensais être le seul à pouvoir chanter cette chanson, mais Kendji avec sa culture gitane peut aussi. »

Dans ce podcast, Enrico Macias parle aussi de « sa déchirure » d’avoir dû quitter l’Algérie au début des années 60. « C’est une blessure que je croyais cicatrisée mais elle a été rouverte avec l’interdiction d’y retourner. » À 80 ans, il espère toujours pouvoir y chanter un jour de nouveau.

Article paru sur Ouest France

 

PAR Laurence Lucchesi   – Publié le 22/02/2019 à 09:00

Cinquante-sept ans de carrière, plus de cinquante millions d’albums vendus, Enrico Macias est un pilier de notre patrimoine musical. Qui continue de remplir l’Olympia, où il s’est produit à guichets fermés les 9 et 10 février. Il signe, à 80 ans, un album-anthologie avec le Al Orchestra. Il est à la une du magazine Week-End ce vendredi.

De L’Oriental aux Gens du nord, en passant par Les Filles de mon pays, il aura écrit quelques-unes des plus belles partitions de la chanson française.
Malmené par le destin ces dix dernières années, avec de sérieuses déconvenues financières et surtout, la disparition de celle qu’il a aimée cinquante ans durant, son épouse Suzy, Enrico, dont le prénom signifie « La vie » en hébreu, demeure résolument positif face à l’adversité.
Comme en témoignent ces propos, teintés de son célèbre accent et au détour desquels a fusé parfois ce rire solaire qui est le sien. Une vraie bouffée d’optimisme.
Comment ce nouvel album, Enrico Macias & Al Orchestra, a-t-il vu le jour?
C’est mon fils Jean-Claude, qui m’accompagne toujours dans mes concerts, qui en a eu l’idée. Il a remarqué que mon public était composé de davantage de jeunes qu’avant. À mes débuts, les jeunes allaient vers les yé-yé, vers les chanteurs de rock, ils ne s’intéressaient pas à ce que je faisais.
Et maintenant, la nouvelle génération vient massivement à mes spectacles, curieuse de savoir pourquoi leurs parents ou grands-parents, qui ont fini par m’apprécier avec le temps, ont tant aimé Enrico. C’est ainsi que Jean-Claude a eu l’idée de me faire réenregistrer mes chansons avec le Al Orchestra, un groupe franco-algérien, pour mieux les faire connaître à ce jeune public.

Vous avez fêté, en 2018, vos quatre-vingts ans, et vos cinquante-sept ans de carrière, cela vous inspire quoi?
Vous vous rendez compte, cela fait cinquante-sept ans que je flirte avec le public! Plus même, parce qu’en réalité j’ai du succès depuis cinquante-sept ans, mais j’ai commencé bien avant, avec la musique arabo-andalouse. Cette longévité, c’est un grand privilège.

« Je n’ai jamais perdu confiance, parce que je sais qu’un jour ou l’autre ça va aller mieux. »

Quand vous vous remémorez votre parcours, quelles sont les images qui vous reviennent immédiatement?
La première fois que j’ai joué de la guitare, aux côtés de mon papa et de mon beau-père, le grand maître de la musique arabo-andalouse Cheikh Raymond Leyris, j’avais quinze ans.

Deux ans plus tard, j’ai fait un radio-crochet, à Constantine (en Algérie), ma ville natale, devant dix mille personnes. Je suis passé le premier et je l’ai gagné. ça, c’est un souvenir qui m’a marqué. C’était la première fois que je passais sur scène devant tant de monde, un moment inoubliable! Comme mon premier Olympia, mon premier music-hall, l’ABC, Bobino à Paris. Et, bien sûr, ma rencontre avec le président égyptien Anouar el-Sadate, au début des années quatre-vingt.

Un grand humaniste?
À tel point même que les gens ne croyaient pas en sa sincérité. Après, ils se sont rendu compte qu’il avait tenu parole, que la paix, même bancale, était devenue une réalité et il l’a payé d’ailleurs de sa vie. Comme mon beau-père Cheikh Leyris, d’ailleurs, il y a des parallèles troublants.

Vous qui avez reçu en 1980 le titre de « Chanteur de la paix », que vous inspire la situation mondiale actuelle?
Vous savez, à chaque fois que le monde a basculé dans le noir, je n’ai jamais perdu confiance, parce que je sais qu’un jour ou l’autre ça va aller mieux. Parce que je suis optimiste de nature et je crois que si le monde existe encore, si, nous, nous existons, ce n’est pas pour rien.

On n’est pas anéantis, au contraire, on va se battre pour rebondir. Pour que ça aille mieux. Je sais qu’on va me critiquer pour ce que je dis là, parce qu’on pense que c’est de la démagogie. Pas du tout, c’est mathématique! S’il y a, sur 100%, ne serait-ce que 1% de positif, c’est lui qui remportera la mise sur les 99% de négatif. L’humanité est comme une personne malade qui va se soigner.

En revanche, sur le plan individuel, pour moi qui ai perdu des êtres chers, mon raisonnement tombe à l’eau…

« Kendji Girac a une sensibilité immense, il joue merveilleusement de la guitare et si un jour je devais avoir un successeur, ce serait lui. »

Et cependant, vous qui avez vécu des épreuves comme la disparition de votre femme en 2008, vous faites preuve d’une sacrée résistance…
Parce que cette souffrance-là est compensée par l’amour du public, le fait que je continue à chanter dans les salles de spectacle. Ce n’est pas que j’oublie ma femme, pas du tout, bien au contraire, mais la musique est une thérapie exceptionnelle.

Même si je constate que je ne suis jamais dans les cinquante personnalités préférées des Français, peu importe. Tant que je remplirai les salles et que je ressentirai cette vague d’amour, tout ira bien.

En 2008, vous avez perdu vingt millions d’euros dans la crise financière islandaise, après la faillite de la banque dans laquelle vous aviez investi cette somme en hypothéquant votre villa de Saint-Tropez. Où en êtes-vous?
Je me bats toujours. En fait, j’ai été pris au piège par une banque et la bagarre continue. Mais de toute façon je garderai ma maison. Et j’en aurais bientôt terminé avec ce problème, quelle qu’en soit l’issue.

Quoi qu’il arrive, ce n’est qu’un problème matériel. Il y a des choses plus graves, comme la perte d’un être cher, la maladie. L’essentiel, c’est que j’assure l’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants.

Par rapport à cette notion de transmission, d’un point de vue professionnel cette fois, vous interprétez dans cet album une chanson avec Kendji Girac…
Un énorme cadeau! Kendji est un jeune qui pourrait vraiment être mon petit-fils. J’ai rarement entendu un talent comme le sien. Il a une sensibilité immense, il joue merveilleusement de la guitare et si un jour je devais avoir un successeur, ce serait lui.

Comment a eu lieu votre rencontre?
J’aime écouter la musique gitane mais, avec lui, c’était complètement différent de la musique gypsie habituelle. J’ai découvert qu’il était fan de moi, aussi, et c’est comme ça qu’on est devenus très amis. Je lui ai demandé s’il voulait bien chanter avec moi une chanson et il a choisi Adieu mon pays.

Une chanson emblématique de l’exil des pieds-noirs?
Oui. C’est la première chanson que j’ai écrite sur le bateau qui m’emmenait loin de l’Algérie. J’étais à bord avec plein de gens de Constantine, j’ai pris la guitare et j’ai improvisé cette chanson.

Après on m’a demandé de la rechanter, je ne m’en souvenais plus. Mot après mot, il a fallu reconstituer le puzzle. Kendji y a apporté l’étincelle de la jeunesse. En l’écoutant, je me revoyais sur le bateau en train de chanter, avec son talent en prime!

Autre chanson très symbolique: Le Grain de blé. Vous sentez-vous concerné par les questions environnementales?
Bien sûr. Même si ce n’est pas aussi marqué chez moi que chez Nicolas Hulot! je suis juste un modeste élément de cette nature et, en tant que tel, je la respecte infiniment. Mais je n’ai pas du tout envie d’être qualifié d’écologiste parce que je n’aime guère cette politisation-là.

Quant à cette chanson, Le Grain de blé, elle est presque biblique, par sa simplicité, son universalité. Je me suis rendu compte, en relisant le texte, qu’on peut la chanter dans tous les temples de toutes les religions. C’est un hymne à la tolérance.

Vous n’avez plus eu la possibilité de revenir en Algérie depuis votre départ en 1961. Caressez-vous, malgré tout, l’espoir d’y retourner ?
Je ne veux fermer aucune fenêtre, aucune porte pour l’avenir. Pour le moment je ne peux pas y aller, mais on ne sait jamais, si Dieu me prête vie, peut-être qu’avant de partir dans l’autre monde j’irai en Algérie. Et le jour où je serai dans l’autre monde, j’irai faire un tour dans ma patrie, ce paradis où la mer et le ciel se rejoignent.

« Louis Nucéra, qui faisait la critique du spectacle ce soir-là, a titré : Une étoile est née, Enrico Macias. »

Quand vous séjournez dans notre région, retrouvez-vous cette lumière-là?
C’est bien pour cela que j’ai jeté mon dévolu sur Saint-Tropez. Je me sens vraiment à l’aise dans cette région, d’autant que j’ai débuté à Nice. J’avais un oncle, tonton Gilbert, qui avait un restaurant à Nice: Le Saint Germain.Et j’ai fait mon premier spectacle, en 1962, à Saint-Raphaël, grâce à mon cousin Bibi qui était animateur à Radio Monte-Carlo. Il m’avait programmé dans ce concert dont la vedette était Gilbert Bécaud. Un mauvais souvenir au départ.Pour quelle raison?
Parce que lorsque je suis passé en première partie, les gens n’ont pas prêté attention à ce que je faisais, j’en avais les larmes aux yeux. Et heureusement, Line Monty, qui passait en vedette américaine ce soir-là, m’a fait revenir sur scène à ses côtés et on a fait un triomphe.

À tel point que Louis Nucéra, qui faisait la critique du spectacle ce soir-là, a titré: « Une étoile est née, Enrico Macias ». Et lors de ce spectacle, j’ai rencontré le chef d’orchestre Raymond Bernard, grâce auquel j’ai pu ensuite enregistrer mon premier disque à Paris.

Vous qui chantez Paris tu m’as pris dans tes bras, vous sentez-vous toujours exilé?
Aujourd’hui j’ai construit de nouvelles racines, mais celles que j’avais ont été coupées malgré tout. Et quand je vois d’autres exilés, des migrants, je ressens une profonde empathie à leur égard, puisque j’ai vécu la même chose.

Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de vous?
Ma sincérité, mon authenticité et ma reconnaissance envers le public, qui ne m’a jamais lâché, et envers la providence qui m’a permis de durer jusqu’à présent.


 

 

 

 

Le chanteur Enrico Macias, Gaston Ghrenassia de son vrai nom, a bien chanté, le 14 février 2019, à Casablanca, bravant les quelques dizaines de manifestants, pour la plupart des nostalgiques de l’extrême-gauche et des radicaux islamistes enrobés de certains militants d’organisations pro-palestiniennes, venus face au Megarama d’Ain Diab pour observer un sit in de protestation.​
La venue du chanteur français au Maroc n’est pas passée inaperçue puisqu’en France on note la réaction maladroite d’un élu français d’origine algérienne via un message publié, le 02 février 2019, sur son compte twitter dans lequel Madjid Messaoudene, Conseiller Municipal (Front de Gauche) à Saint-Denis (Île-de-France) avait exprimé son souhait qu’Enrico Macias ne puisse “plus jamais se produire dans aucun pays arabe et le Maroc ne devait pas le laisser jouer”. De quoi je me mèle ?​
Par contre, la Ligue Internationale Contre le Racisme et Antisémitisme (LICRA) a apporté tout son soutien à Enrico Macias, victime d’une cabale de la part d’obscurantistes patentés et de sycophantes activistes qui sont toujours du côté du boycott et de la censure, jamais du côté de la liberté et de la culture.​
Sans omettre de citer un des derniers des mohicans encore vivant, à savoir le terroriste extrême-gauchiste des années 1970, Sion Assidon, un des initiateurs de cette campagne anti-Macias, qui s’est fendu dans une déclaration stupide dans laquelle il déclarait que le chanteur n’était pas le bienvenu au Maroc en raison de ses positions et de son soutien constant en faveur des sionistes. A t’il oublié son appartenance au mouvement du 23 mars et à celui d’Ila Al Amam et à ses intentions de poser des bombes dans les cinémas de Rabat ?​
Quoi qu’il en soit, Enrico Macias, chantre du pacifisme depuis près de 50 ans, a toujours plaidé pour la paix entre la Palestine et Israël. Il a, en outre, chanté pour Yasser Arafat et s’est toujours mouillé pour promouvoir la paix israélo-arabe.​
Aussi, Enrico Macias, tout en se revendiquant “juif, berbère et arabe” était heureux de chanter à Casablanca parce qu’il connait le peuple marocain tout en comparant le Maroc à l’Andalousie d’antan avant l’avènement d’Isabelle la Catholique, un pays de tolérance.​
En revanche, il n’a jamais pu, à 80 ans, retourner en Algérie, son pays natal qu’il avait quitté avec sa famille en 1962, pendant l’exode pied-noir.​

Farid Mnebhi.

Article paru sur le site ACTUSEN

« Redécouvrez Enrico Macias – Les filles de mon pays
Album Enrico Macias & Al Orchesta : EnricoMacias.lnk.to/EnricoMaciasAlOrchestra
———–
Réalisation : Thierry Carvalho

Auteur : Pierre Cour
Compositeur : Jean Claudric & Enrico Macias

Musiciens :
Piano, wurlitzer et arrangements cordes, cuivres : Lionel Teboul
Guitares acoustiques / électriques : Bruno Bongarçon, Abdenour Djemaï
Percussions : Amar Mohali
Batterie, basse : Jean-Claude Ghrenassia
Cuivres : Jules Duchet
Trombone : Lucas Spieler
Chœurs : Tony Bonfils, Magali Bonfils, Sophie Udovic »

De notre envoyée spéciale Muriel Meimoun

Casablanca : Maison Blanche.
Et c’est bien un drapeau blanc qui a été hissé en cette soirée de Saint-Valentin sur le toit du Megarama de Casablanca.
En dehors d’une centaine d’illuminés prônant la haine et qui auraient voulu empêcher notre chanteur préféré de suivre son destin en chantant pour tous les peuples dans un grand rassemblement fraternel, la paix régnait hier soir sur Casablanca.
Et comme l’amour est toujours le plus fort, ce sont des centaines de personnes de bonne volonté qui ont répondu « présent » à ce rendez-vous de la fraternité et de la tolérance. Comme l’a dit si justement Enrico, le Maroc en général, et Casablanca en particulier hier soir, c’est l’Andalousie de nos ancêtres. Celle d’avant l’inquisition.
Mais revenons à la musique. En coulisses, résonnait déjà des mélodies familières et familiales. Des airs de chez moi, un peu plus à l’Est. Ces mêmes notes qu’Enrico a fait entrer dans les foyers de tous les français et pas uniquement.
En première partie, une charmante chanteuse Sanae Jabrane qui « chante aussi bien qu’elle est belle », a interprété quelques morceaux de chants traditionnels.
Puis, après quelques minutes qui parurent très longues au public tant l’émotion était palpable dans la salle, c’est sous un tonnerre d’applaudissements qu’est apparu Enrico.
Enchaînant les morceaux :
Enfants de tous pays
Medley soleil
Oranges amères
Adieu mon pays
Le voyage
Aux talons de ses souliers
Pour toutes ces raisons, je t’aime
Oh guitare
La femme de mon ami
Aïe, aïe, aïe
Solenzara
La vie populaire- A la grâce de Dieu
Paris, tu m’as pris dans tes bras
Les filles de mon pays
Le violon de mon père
Medley arabo-andalou
Le mendiant de l’amour
L’oriental- El Porompompero
C’est un Enrico en très grande forme et ragaillardi par son triomphe du week-end à l’Olympia, qui nous a offert 1h45 de bonheur.
Pour le medley arabo-andalou, il a spontanément invité à le rejoindre sur scène Sanae et un jeune chanteur, qu’il venait à peine de rencontrer en coulisses : Red Haddad. On reconnaît bien là notre chanteur préféré avec cette générosité du cœur qui le caractérise si bien.
Enrico nous aussi nous vous aimons, et nous continuerons à prêcher avec vous la bonne parole, la bonne mélodie aux 4 quatre coins du monde.
Je voudrais pour ma part remercier toute l’équipe :
– Greg, Jeff et Jean-Pierre à la technique
– Lionel, Serge, Amar, Kamel, Abdenour, Philippe (qui remplaçait Bruno) aux instruments
– Jean-Philippe Rolot et les producteurs marocains grâce à qui tout ça fût possible
Mais aussi et surtout Jean-Claude, d’abord pour toute la partie musicale, si tout le monde ne le connaissait pas on pourrait dire de lui qu’il est l’homme dans l’ombre. Il est l’homme derrière le grand homme. Et ensuite, pour la confiance qu’il a mise en moi et pour son amitié fraternelle.

Le vent était glacial ce dimanche après-midi sur le boulevard des Capucines et une pluie fine tombait pas intermittence.
Pourtant, la file d’attente sur le trottoir de l’Olympia était longue, piétinant d’impatience en attendant l’ouverture des portes.

Et une fois installés, nous avons embarqué pour un nouveau voyage ensoleillé au pays de l’amitié et sur les bords de la Méditerranée.

La première partie, nous vous en avons déjà dressé un aperçu et, ce dimanche, elle fut tout aussi enlevée et ensoleillée. A noter toutefois, la présence d’un invité différent sur scène en la personne d’Amir qui a interprété un magnifique duo avec Enrico sur « Oranges amères ».

Donc aujourd’hui, nous vous parlerons un peu plus de la seconde partie du spectacle, la partie orientale.

Elle débute sur un coup de cœur foudroyant qui a fait hurler la salle de joie lorsque, dès les premières notes du mendiant de l’amour, Enrico entre sur scène tout de blanc vêtu. Aie, aie, aie, maman chérie, comme il est beau et quelle belle surprise !

A partir de cet instant, Enrico nous a planté le décor pour partager avec nous ses nostalgies, ses racines algériennes et arabo andalouses, ses croyances profondes et nous transmettre son message de paix et de tolérance.

Nous avons ainsi vibré d’émotion sur « le voyage », mais la tristesse n’étant jamais de longue durée chez Enrico, il nous a vite entrainé dans les tourbillons de la fête avec « Quand les femmes dansent », « La vie populaire », « A la grâce de Dieu ».

Puis il a invité un jeune chanteur rencontré sur une scène marseillaise, David Hababou pour un très beau duo sur un psaume liturgique hébreu « Haleli ». Nul doute que nous entendrons encore parler de ce jeune homme.

Autre magnifique surprise sur une réorchestration superbe, Enrico nous a interprété « Le grain de blé » puis « Une fille à marier ».

La suite de la soirée s’est déroulée comme un voyage sur les rives du Maghreb aux accents du Chaabi et de la musique arabo andalouse.

C’est d’abord Hafid Djemai qui est entré sur scène avec sa mandole pour accompagner Enrico dans « Aux talons de ses souliers ».

Enrico ayant souvent chanté les femmes il a voulu cette fois chanter avec elles et c’est d’abord l’artiste franco-algérienne Meriem Beldi qu’il a appelée sur scène. Chanteuse et musicienne au croisement de l’andalou et du chaabi algérois, accompagnée de son oud, elle nous a fait vibrer aux sons de « Ach Adebni ».

Puis ce fut au tour de Syrine Ben Moussa, chanteuse d’origine tunisienne, interprète du répertoire arabo andalou et du malouf, de rejoindre le trio pour nous proposer une célèbre chanson d’Hédi Jouini « Samra ya samra ».

Ensuite, Enrico nous a fait la surprise de nous chanter un inédit à son répertoire, mais un classique du malouf constantinois, « Achek Mamhoune », repris en chœur par les 4 artistes.

Le festival s’est poursuivi par une très belle interprétation d’Hafid Djemai de deux incontournables morceaux du chaabi algérien « Chehilet Laayani » et « Ya bent bladi ». Chanteur et instrumentiste d’exception, il nous a fait une magnifique démonstration de ses talents que nous connaissions déjà en partie puisqu’il accompagne souvent, par ailleurs, Enrico dans ses concerts.

La chaleur est alors montée d’un cran, si cela était encore possible, aux premières notes de « Ya Rayah » qui provoque instantanément la levée du public et est le signal du moment pour toutes et tous de la danse et de la transe aux pieds de la scène. Ce moment unique, nous vous l’avons souvent décrit, ces instants de joie ultime aux sons des youyous qui remercient Enrico pour tout le bonheur qu’il nous a donné durant ce spectacle et qui s’est terminé par les grands classiques « L’oriental » et « El porompompero »

Sans doute n’avons-nous pas tout dit encore dans ces lignes, il fallait vraiment être là pour vivre ces instants magiques, ces instants de fête intense pour Enrico et les artistes qui l’ont accompagné comme pour une salle comble et en délire.

Alors nous voulons dire MILLE MERCI ENRICO pour ce spectacle fantastique qui nous a rappelé le bon temps des années 70 et 80. Merci pour votre générosité sans limite et BRAVO pour votre « pêche ».

Merci à Jean Claude Ghrenassia , Lionel Teboul et Bruno Bongarçon qui ont fait de magnifiques arrangements pour ce spectacle. Vous avez fait des prouesses.

Merci à tous les musiciens qui ont été excellents et ont accompagné et soutenu notre artiste avec beaucoup de professionnalisme et d’amour.

Merci à Sud Concerts pour l’organisation de cet Olympia qui nous émerveillés

Merci à Laurent Abitbol

Et merci à toute l’équipe qui a entouré et accompagné Enrico

Alors il me reste quand même à vous annoncer la dernière des surprises.

Devant le succès de ces deux journées, pour tous ceux qui n’ont pu obtenir des places ce week end ou pour ceux qui voudront revivre cette folle aventure orientale, Enrico nous offre deux nouvelles dates à l’Olympia les

18 ET 19 JUIN 2019

Alors à très bientôt !

Après deux années d’absence, c’est pour fêter ses 80 ans qu’Enrico Macias a donné rendez-vous à son public, ce week end, sur la scène de l’Olympia.
Et c’est à guichet fermé que s’est jouée cette première soirée du samedi.

A évènement exceptionnel, fête exceptionnelle ! Et l’on peut dire que le spectacle a été sublime, au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer.
Nous n’aurons pas assez d’une seule page pour tout vous raconter et vous faire partager toutes les surprises qui nous ont été faites par Enrico. Mais n’ayez crainte, il y aura plusieurs épisodes.
Pour ce soir, nous planterons le décor. Un orchestre digne de celui des années 80, composé de 20 musiciens auxquels se sont jointes trois choristes.
Des arrangements entièrement réécrits pour l’occasion par Lionel Teboul et Jean Claude Ghrenassia. Nous consacrerons un article à Lionel Teboul. Mais souvenez-vous d’une certaine école des fans en 1977 et de l’Olympia de1985. Nous y reviendrons.
Un spectacle en deux parties qui nous a tenus en haleine trois heures durant, nous entrainant dans un tourbillon de surprises et d’émotions toutes plus belles les unes que les autres.

Un voyage de l’occident à l’orient avec un élément central « La Méditerranée » qui dès l’entrée du spectacle a permis de confirmer que le soleil du pays était bien présent sur scène comme dans la salle. Et Enrico, « Il est comme le soleil ». Epoustouflant, il ne nous a pas laissé une seconde de répit, nous offrant un medley très ensoleillé qui a fait exulter de joie la salle : imaginez « Un rayon de soleil », « Il est comme le soleil », « j’appelle le soleil ». Nous retiendrons aussi dans la première partie « Ma Patrie », et puis « La casa del sol », « Par ton premier baiser ».
Enrico avait aussi invité « Kendji Girac » pour un duo d’exception sur « adieu mon pays ». Leurs guitares et leur voix s’entendent à merveille et on aurait bien gardé Kendji un peu plus longtemps sur scène pour « La casa del sol ».

Cette première partie a également été ponctuée par trois hommages très émouvants.
L’un à Charley Marouani, son imprésario décédé fin juillet 2017, et pour lequel Enrico a interprété avec le seul piano pour accompagnement, une très belle chanson écrite par Frédéric Zeitoun.
Le second a été pour Jean Claudric, le grand ami et le compositeur et arrangeur de tant de succès de l’artiste. Enrico l’a appelé sur scène, à ses côtés, pour interpréter « Les gens du nord » et toute la complicité qui existe entre ces deux monsieurs était presque palpable..
Le troisième hommage a été pour Charles Aznavour, avec la reprise « Les deux guitares ».

Et nous sommes arrivés à la fin de cette première partie un peu ivres de tant de joies, du bonheur qui se lisait sur le visage d’Enrico et de l’ambiance torride qui régnait dans la salle.
Du grand Enrico, qui a été magistral de bout en bout.
Chapeau monsieur Macias ! Vous nous avez bluffés et cette soirée a été un grand kiff.

Comme il se fait tard, nous vous donnons rendez-vous demain pour vous parler de la seconde partie du spectacle qui nous a fait traverser la méditerranée et a fait monter encore d’un cran, la chaleur sur le boulevard des Capucines.

Enrico vous attend encore tous nombreux ce dimanche à 17h.

 

À 80 ans, le chanteur revient avec un nouvel album et remonte sur la scène de l’Olympia. Avec toujours la nostalgie de l’Algérie chevillée au cœur.
Propos recueillis par Marc Fourny
Publié le 08/02/2019 à 12:00 | Le Point.fr

Voilà près de soixante ans qu’il a imposé son accent pied-noir et ses couplets fraternels dans la chanson française. Plus de 800 mélodies au compteur, des tubes composés par dizaines – « Adieu, mon pays », « Le Mendiant de l’amour », « Les Gens du Nord », « Ouvre-moi la porte » – et un goût de la scène qui ne l’a jamais quitté. Alors qu’il vient de fêter ses 80 ans, Enrico Macias sort un nouvel album où il revisite 14 chansons avec un orchestre de musiciens franco-algériens – tout un symbole. Et retrouve l’Olympia les 9 et 10 février prochain.

Le Point : À 80 ans, vous n’avez pas la tentation d’arrêter ?

Enrico Macias : Ça fait 57 ans que ça dure, pourquoi j’arrêterais ? Je ne peux pas concevoir ce métier sans la musique, le public, la composition d’une chanson… C’est toute ma vie, je ne veux pas insulter l’avenir, mais ça s’arrêtera seulement quand je serai malade ou quand je partirai.

Combien de concerts assurez-vous encore ?

J’en fais encore 150 par an, si on compte la France. Mais je ne peux plus enchaîner les dates comme avant, quand j’assurais entre 200 et 250 concerts chaque année. Je continue à chanter partout : aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Brésil, au Mexique, en Europe francophone…

Comment faites-vous pour tenir le coup ?

J’ai un entraîneur pour le sport. Sinon, j’entretiens ma voix : le premier remède c’est de chanter. Une heure par jour, avec ma coach, Mirela, qui m’impose des exercices de respiration ici, dans mon appartement parisien, au piano, dans mon salon. Et surtout, je dors. J’essaye de dormir le plus possible ! La voix, quand on ne dort pas assez, c’est elle qui s’endort ! On la réveille en chantant.

Votre album reprend quelques-uns de vos plus grands succès : c’est une sorte de best of  ?

Pas vraiment un best of, parce qu’il y a là des chansons qui n’ont jamais marché, mais j’ai voulu reprendre celles qui ont façonné ma carrière. Des chansons qui me tiennent à cœur, qui résument ma vie. Comme « Adieu, mon pays », que j’ai composé sur le bateau qui m’emmenait à Marseille, quand on a dû quitter l’Algérie. Le premier succès de ma carrière…

« Le Grain de blé » , c’est aussi un texte qui vous correspond bien : faire germer l’espoir, la paix…

Quand Jacques Demarny m’a proposé la chanson, j’ai trouvé le titre extraordinaire. Le grain de blé, c’est la source de la vie. L’humanité a commencé par un grain de blé, c’est ce qui nous a tous fait naître. C’est un symbole de vitalité, de richesse. C’est aussi un appel à fraterniser. Et on a toujours besoin de ce grain de blé, aujourd’hui encore plus qu’hier…

Vous avez toujours célébré la paix avec son prochain, la fraternité… D’où vient cet altruisme que vous prêchez en chanson  ?

Sans doute à cause de ma jeunesse, en pleine guerre d’Algérie, où j’ai énormément souffert. Notre vie n’a plus tenu qu’à un fil. Je voyais des amis mourir dans la rue, les bombes, les attentats… Terrible. La famille était unie, mais nous étions encore plus soudés avec les amis. C’est l’amitié avec les autres qui m’a fait comprendre la force des liens fraternels qu’il faut tisser entre nous. C’est le but caché de tout homme, même du plus grand des mécréants !

Plus jeune, vous apparteniez à la communauté juive de Constantine. Vous aviez des amis de toutes les communautés ?

Bien sûr ! Des copains chrétiens, musulmans, juifs… Pour moi, tout le monde était à égalité. On ne se souciait pas de la religion des autres avant de jouer ensemble ! Notre équipe de foot était composée à majorité de musulmans, et je peux vous dire qu’on la soutenait, d’abord parce que c’était notre équipe ! Il y avait toute la diversité dans mon quartier, toutes les cultures religieuses… C’est peut-être pour ça que j’ai compris très tôt qu’il était possible de tous s’entendre.

Dans votre album, vous reprenez la fameuse chanson « L’Oriental ». Du sur-mesure pour vous  !

« L’Oriental », c’est moi, c’est ma chanson ! Je suis oriental jusqu’à la moelle de mes os ! D’abord par mon style de musique, héritée de celle du Malouf. Même dans mes chansons les plus françaises, comme « Les Gens du Nord », je leur donne une sonorité du Sud avec des instruments orientaux. Dans mon caractère aussi je suis très oriental : un peu colérique, mais ça passe vite, pas rancunier. J’arrive à pardonner, mais je n’oublie rien !

Dans cet album, vous chantez en duo avec Kendji Girac. Comment s’est passée la rencontre ?

Il est formidable. Quel chanteur ! Il me ressemble beaucoup. Il ne me copie pas, mais si un jour je devais avoir un successeur, ce serait Kendji. Il est comme moi, il travaille à l’oreille. Quand on a enregistré la chanson, je me suis régalé, il est très respectueux, très sympathique. Il connaît mes chansons, c’est un vrai fan ! Et moi, je suis devenu aussi fan de lui. Ce garçon est magnifique.

Vous aviez travaillé un moment avec des gitans…

J’avais 15 ans, et je passais régulièrement devant un bar de Constantine où ils jouaient des chansons gipsy et espagnoles. J’adorais leur musique. Ils s’appelaient « Les frères Enrico », je leur piquerai leur nom plus tard… Je voulais rentrer dans le bar, bien sûr, mais on me refoulait à chaque fois. Un jour, je les attends à la sortie et je leur demande de me prendre dans leur groupe. Mais tu es fou ou quoi, c’est pas possible ! me dit l’aîné des frères. Alors je me mets à chanter, je mets tout ce que j’avais dans les tripes, et ils me prennent ! Ils me donnent des conseils pour que je ressemble à un gitan : Mets-toi du noir avec un bouchon brûlé, ébouriffe-toi les cheveux… C’est comme ça qu’on m’a appelé le petit Enrico !

Que vous ont-ils appris ?

À bien accorder ma guitare ! Je l’avais arrangée à ma façon, personne ne pouvait jouer dessus. Avec eux, j’ai beaucoup progressé.

Comment avez-vous commencé la musique ?

Elle fait partie de la famille depuis longtemps… Mon père était un excellent violoniste, mon grand-père jouait déjà de la flûte, comme amateur. Et ma grand-mère m’a offert ma première guitare… Mon père ne m’a pas appris la musique, il ne voulait pas. Il avait beaucoup galéré avant de réussir, il voulait que je sois ingénieur. Moi, je ne savais même pas ce que cela voulait dire… Il m’entendait jouer, il voyait que je me débrouillais bien, mais il cachait ma guitare derrière l’armoire. J’allais la piquer en cachette…

Vous n’avez jamais pris de cours classique  ?

Non, mais j’ai beaucoup d’oreille. Mon père jouait dans l’orchestre de Cheikh Raymond, un musicien prodigieux, un génie de la musique arabo-andalouse qui va me donner des leçons et m’intégrer dans sa formation. C’est comme cela que j’ai tout appris.

Votre pire et meilleur souvenir de l’Algérie ?

Le pire, c’est l’assassinat de tonton Raymond, en pleine rue, un vrai déchirement. Pour nous, les juifs de Constantine, c’était un avertissement, le signal du départ… Le meilleur est encore lié à Cheikh Raymond : j’avais 15 ans, je jouais dans son orchestre à l’université populaire de Constantine, une salle de spectacle pleine à craquer. J’étais paralysé de trac, les doigts collés sur la guitare. Et tout à coup, Tonton Raymond me fait un sourire, d’un air de dire, vas-y, joue… C’était parti, je fais mon solo… Et les gens se sont tous levés pour m’applaudir. La toute première fois de ma vie !

Comment vivez-vous votre arrivée à Paris ?

Compliquée… On pensait qu’on allait bien nous accueillir, ce fut loin d’être le cas ! Mon père a continué la musique, il m’imposait de l’accompagner dans les mariages et les fêtes, moi je trouvais que c’était une trahison vis-à-vis de tonton Raymond. Les gens buvaient, rigolaient… Quand il jouait, certains lui manquaient de respect, du coup, je me bagarrais et je finissais au poste ! Au bout de quelques concerts, je lui ai dit : Papa, je ne veux plus jouer avec toi, ça va mal finir… Il s’est fâché, je suis parti, je lui ai dit : Je reviendrai quand j’aurai réussi !

Comment débute votre carrière ?

La chance… Mon oncle tenait un restaurant à Nice, et parmi ses clients, il avait un animateur de RMC, qui était en même temps agent de spectacle, il s’appelait cousin Bibi. Et il me propose alors de faire le casino de Saint-Raphaël, ma première scène. J’ai chanté en début de spectacle de Gilbert Bécaud. Son pianiste Raymond Bernard me remarque, il me dit de l’appeler une fois sur Paris. C’est lui qui me présente à un directeur artistique de Pathé-Marconi.

Et on vous prend tout de suite…

Ils écoutent mon enregistrement. On n’aime pas du tout ma voix, mais ils sont intéressés par le guitariste. Sauf que le guitariste, c’était moi ! Les voilà bien embêtés : ah, on ne peut pas dissocier le guitariste du chanteur… Bon, allez, on te prend ! Je sors mon premier disque avec « Adieu, mon pays ». Et dans la foulée, je passe à l’émission Cinq colonnes à la une, pour illustrer un sujet sur les pieds-noirs… Et c’est parti comme ça. Incroyable, non ? Vous savez, tout était écrit là-haut (il montre le ciel, NDLR). Le destin est tracé !

Vous êtes croyant ?

Depuis toujours. C’est une question d’humilité. Si je ne croyais pas, ça voudrait dire que je me prendrais pour le Bon Dieu.

Vous êtes issu d’une culture mixte. Au fond de votre cœur, quelle est vraiment votre patrie ?

Ce n’est pas pour rien que j’ai écrit « Enfants de tous pays »… Mais je dois quand même à la France le principal : le fait de m’avoir toujours soutenu et surtout permis de devenir une star de la chanson. Je me sens d’abord français. Mais je suis algérien par mes racines et israélien par conviction, par solidarité avec le peuple juif dont je fais partie. Je n’ai pas le droit de les laisser tomber.

Vous n’avez jamais caché votre soutien à Israël, ce qui vous a empêché de chanter dans certains pays arabes. Vous regrettez ?

Si je ne l’avais pas fait, j’aurais peut-être été encore plus en haut de l’affiche, mais je ne me serais plus regardé dans une glace. Et cela ne m’a jamais empêché de continuer à chanter, je suis même devenu ambassadeur à l’ONU ! Certains pays m’ont boycotté, mais je peux aller en Égypte, en Jordanie, en Tunisie, au Maroc. J’ai amené l’Occident en Orient et l’Orient en Occident quelque part… Mais en Algérie, tout reste bloqué.

Pourquoi ?

Je ne peux pas vous répondre. L’attentat de Cheikh Raymond est loin, mais cela reste encore gravé dans les mémoires. Ce sont les gens au pouvoir qui ne veulent pas risquer quoi que ce soit lors de ma venue. J’ai voulu plusieurs fois y retourner, cela n’a jamais abouti. Retourner chanter là-bas, à Constantine… c’est un rêve que je fais souvent !

Êtes-vous sensible à la montée de l’antisémitisme en France ?

Je n’ai jamais pensé que l’antisémitisme avait disparu… Depuis la Shoah, il faut toujours rester vigilant. Aujourd’hui, il est plus lié au conflit israélo- palestinien et au sionisme. Mais il faut arriver à une paix durable en Palestine, la guerre ne fait qu’engendrer d’autres foyers de haine… Cela passe par un État palestinien digne de ce nom, mais pas un État palestinien à la place d’Israël. Ou Israël à la place des Palestiniens…

Avez-vous été victime vous-même d’antisémitisme ?

Oui, ça peut m’arriver, mais c’est rare. Parfois, dans la rue, une réflexion… Un jour, deux jeunes passent devant moi et crient : « Vive la Palestine ! » Je ne voyais pas le rapport. Ça m’intrigue, je les retrouve un peu plus loin et leur demande pourquoi ils ont crié cela. Le plus petit des deux me dit, j’ai eu envie de vous le dire, et il me dit ça avec ironie… Je lui réponds : Tu sais ce qu’on va faire ? Moi, je vais crier vive la Palestine, et toi, tu vas crier vive Israël. Et c’est ce qu’on a fait, dans la rue… Je voulais lui donner une leçon.

Vous aviez évoqué vouloir faire un jour votre alyah. Toujours d’actualité ?

Mon alyah, je peux la faire quand je veux, il me suffit de prendre l’avion pour aller en Israël… Mais de là à tout quitter, je ne sais pas. De toute façon, si un jour je suis obligé de partir, cela voudra dire que j’y suis contraint, je ne serai pas le seul… Si les choses s’aggravent, oui, je partirai.

Dernière question : allez-vous perdre finalement votre villa de Saint-Tropez ? Elle était menacée de saisie à la suite d’une hypothèque…

L’affaire est toujours en cours, elle est sur le point de se terminer. Et j’ai bon espoir de garder ma maison !

 

Article paru sur le site LE POINT