A l’occasion de ses 50 ans de carrière, Enrico Macias se produira dans trois villes américaines en juin prochain. A la veille de sa tournée, l’artiste franco-algérien s’est confié à France-Amérique.
France-Amérique : Enrico Macias, vous comptabilisez 50 ans de carrière et plus de 50 millions d’albums vendus. Quel est votre secret ?
Enrico Macias : J’ai déjà une chance inouïe d’avoir fait un si long parcours. La recette miracle ? Le travail acharné, le développement de mon talent, l’apprentissage de la guitare mais surtout la sincérité que j’exprime vis-à-vis du public. Pendant 50 ans, je n’ai jamais trahi l’amour du public. La réussite de ma carrière est aussi due à mon tempérament, mon éducation familiale et l’enseignement que j’ai reçu toute ma vie.
Depuis 1968, vous vous produisez régulièrement sur scène aux Etats-Unis. Entretenez-vous un lien particulier avec ce pays ?
Chanter aux Etats-Unis reste une belle consécration. Ce pays a révélé des talents absolument exceptionnels. Des légendes, la France en détient énormément mais les plus grandes habitent l’Amérique. J’aime la chance et la confiance que ce continent m’a transmises. Se dévoiler humainement et artistiquement paraissait très simple à l’époque. Quand j’ai chanté pour la toute première fois au Carnegie Hall de New York en 1968, ma carrière a basculé d’une manière triomphale. Un nouveau chemin se traçait. Lorsque j’ai vu tous les artistes qui sont passés avant moi, et tous ceux qui allaient se produire après, j’étais vraiment fier de ma performance. J’avais réalisé un exploit sur une scène qui m’était inconnue. A la sortie du concert, j’ai ressenti une joie immense, semblable à celle que j’ai vécue lors de l’anniversaire de mes 50 ans de profession. Depuis, je reviens régulièrement avec un réel plaisir.
Au fil du temps, vous avez tissé des liens avec le public franco-américain. Le percevez-vous différemment aujourd’hui et à vos débuts ?
Me faire connaître par les Américains et les Franco-Américains fut un véritable combat. Les Français des Etats-Unis savaient à peu près qui j’étais mais je tenais de tout cœur à pouvoir les réunir tous ensemble. Comme je l’entreprends en France d’ailleurs. Parvenir à rassembler les Américains, les Français, le Moyen-Orient, les pieds noirs dans mes salles de spectacle me rend très heureux. J’ai l’impression d’appartenir à la planète entière en une soirée. Les habitants des Etats-Unis reflètent le public que j’apprécie tant. Ces personnes viennent de tous horizons, de tous pays. L’Amérique conserve les vraies valeurs, qui se mélangent au service de sa grandeur. Je pense que nous devrions tous essayer de les adopter.
Vous évoquez ce rassemblement de communautés lors de vos représentations. Est-ce dû au fait que vos concerts sont des fêtes avant tout ?
J’appelle chacun de mes concerts « la fête des réconciliations ». Dans mes salles de spectacle, les différentes communautés sont assises ensemble et pourtant je sais que certaines pourraient s’entretuer. Mon pouvoir, c’est que j’arrive à les unir par mes chansons aux variétés orientalistes. Si j’ai 50 ans de carrière derrière moi, ce n’est pas pour rien. Je suis parvenu à travers ma musique à combattre certaines choses maléfiques et néfastes pour l’humanité telles que le racisme, l’incompréhension et l’injustice. Je les ai éliminés en partie grâce aux mélodies que j’ai composées et aux paroles que j’ai écrites. Pour chaque concert, je consens à créer une fraternité qui malheureusement n’existe pas encore dans ce monde.
Votre nouvel album s’intitule Venez tous mes amis. On ressent dans cet opus votre estime pour les chanteurs français de différentes générations. Croyez-vous en l’amitié dans ce métier ?
L’amitié pour moi demeure synonyme de religion. J’y crois dans mon métier mais aussi entre les gens qui ne se connaissent pas encore. En ce qui me concerne, cet album l’incarne à tous les niveaux. A l’occasion de mes 50 ans sur la scène internationale, mon fils et ma maison de disques ont décidé de me rendre hommage. Ils ont eu la superbe idée de créer une compilation où des noms de la chanson française m’accompagnent sur dix-sept de mes grands classiques. A ma grande surprise, ce sont les chanteurs eux-mêmes qui se sont manifestés lorsqu’ils ont appris que je souhaitais faire un disque de duos. Ils se sont présentés et ont choisi eux-mêmes la chanson qu’ils préféraient interpréter. J’ai donc enregistré mes compositions en studio avec Cali, Dany Brillant, Carla Bruni, Corneille, Khaled, Liane Foly, Natasha St Pier, Riff Cohen et encore plein d’autres artistes talentueux. Ce respect des anciens m’a énormément touché. Nos complicités ont abouti à un opus chaleureux et coloré qui me ressemble, d’où le nom « Venez tous mes amis ». C’est le plus beau cadeau qu’on m’ait offert jusqu’à maintenant !
Vous militez pour Israël et vous êtes aussi très engagé politiquement. De quoi rêvez-vous pour l’avenir proche ?
Je considère le Moyen-Orient comme le berceau de l’humanité. Mon ultime rêve serait que la paix s’y installe une bonne fois pour toutes. Non seulement entre les Palestiniens et les Israéliens mais aussi entre tous les pays arabes qui les entourent. La paix ne peut pas subsister si les conflits naissant entre des communautés et des pays s’éternisent. Elle se doit d’être totale. Les peuples sont malheureux s’ils ne possèdent pas une paix intérieure. La paix symbolise la conquête de tout ce qu’on n’arrive pas à guérir dans la vie : la maladie, le niveau de vie, la misère, la pauvreté et surtout sauver les enfants dans le besoin.
Article paru sur : http://www.france-amerique.com/articles/2013/05/02/enrico_macias_les_etats-unis_se_compose_d_habitants_refletant_mon_public.html