Régis Talar, Astrid Talar, Enrico, Vic Talar
Olympia 2003
Sans un parolier, un compositeur, un arrangeur, un imprésario et surtout sans un public, un chanteur ne serait rien. Du public, Enrico a dit: « Le public et l’artiste sont d’éternels partenaires qui grandissent, qui vibrent, qui rient, qui pleurent ensemble. C’est le mur et la balle, le miroir et le visage, l’écho et la voix, l’aveugle et le paralytique… ».
Ce serait un sacrilège que de ne pas évoquer dans ce site les grands compagnons d’Enrico. Jacques DEMARNY, Pascal-René BLANC, Martial AYELA, Anne HURRUGUEN, Vline BUGGY, Jean CLAUDRIC, Claude MORGAN, Pierre DELANOE, Didier BARBELIVIEN et beaucoup d’autres ont laissé une belle empreinte sur son répertoire. A défaut d’être manager, Enrico, à lui seul, est un peu de tous ceux là.
Mais il est parfois des rencontres fortuites ou providentielles qui inspirent, qui donnent un déclic ou encore un élan à une carrière quelle qu’elle soit et qui se transforment très souvent en éternelle amitié. Ce fut le cas de celle d’ Enrico Macias avec Vic TALAR. Ce dernier était chargé, au début des années 60, de la programmation d’une importante société de juke-boxes. Cette rencontre a marqué en lettres d’or la carrière d’ Enrico. Longtemps « boudé » par les radios qui refusaient de diffuser son disque « Adieu mon pays » au profit des tubes « Yé yé », Enrico doit son salut à cet homme qui, malgré de grandes difficultés, a réussi à conclure un marché avec les éditions Pathé Marconi. En effet, le service commercial de cette maison d’édition l’oblige à passer commande de 3000 copies dudit disque alors que lui n’en voulait que 300. Mais sa motivation pour diffuser cette chanson sur ses machines était grande, liée à sa sensibilité personnelle pour le texte déjà nostalgique (nous sommes en 1962), et sa musique sentimentale. Originaire de Tunisie et se considérant comme exilé, il confiera plus tard qu’il avait écouté cette chanson pour la première fois en compagnie de sa mère lors de sa diffusion à la télévision dans l’émission d’ Igor BARRERE et qu’ils s’étaient mis à pleurer tous les deux.
De là donc, est née une amitié qui a duré jusqu’à la disparition de Vic Talar en 2005. Le 19 novembre 1995, à l’Olympia, Enrico rend un vibrant hommage à tous ses collaborateurs et spécialement à Vic TALAR, lui qui a toujours préféré rester dans l’ombre.
Ce grand Monsieur est le frère de Régis TALAR, le cofondateur avec Jacques REVAUX de la maison d’édition TREMA. Cette maison filiale d’Universal Music qui, à l’origine, a été créée spécialement pour Michel SARDOU, a produit les disques d’ Enrico Macias de 1981 à 2003. A la cessation d’activité de TREMA, Enrico a signé avec un autre label lui-meme filiale d’Universal, en l’occurence AZ.
Taïna – ouverture Olympia 1980
Enrico Macias dit de lui dans son livre « Non, je n’ai pas oublié » :
» Il a le don de servir l’interprète. Excellent musicien, il ne tire pas la couverture à lui,…..
C’est un faiseur d’écrin musical. Quel que soit le bijou, il met un point d’honneur à lui donner de l’éclat, attirant l’oreille dès l’introduction, élaborant des contre-chants dignes d’être des mélodies, soulignant le thème avec tant de finesse que le plus banal des refrains prend un relief inattendu. »
Au travers de ces éloges respectueuses, il nous parle de son ami de toujours, Jean Claudric
Jean Baccri dit Jean Claudric, mais aussi connu sous le pseudonyme de Sam Clayton, est né le 13 septembre 1930 à Alger. Compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, il s’installe à Paris en 1955.
Il a été arrangeur et chef d’orchestre des plus grandes vedettes de la chanson (Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Fernandel, les Compagnons de la chanson, Michel Polnareff, Johnny Hallyday, Sheila, Marcel Amont, Pierre Perret, Enrico Macias, Dalida, Henri Salvador, Michel Sardou, Mireille Mathieu, Charles Aznavour, et bien d’autres. Cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut).
Il a dirigé dans les plus grandes salles parisiennes et internationales (Carnegie Hall à New York, Kansey Nankin Hall, l’Olympia, le Palais des congrès, le Royal Albert Hall à Londres …)
A la télévision, il a fait avec son orchestre les beaux jours des plus grandes émissions de variété. Citons : Maritie et Gilbert Carpentier, Michel Drucker, Guy Lux, Raymond Marcillac, Jacques Martin, Patrick Sabatier, etc…
La collaboration entre Enrico Macias et Jean Claudric débute en 1963 et a porté de nombreux fruits.
En parcourant la base de données de la Sacem, j’ai dénombré à l’actif de Jean Claudric pas moins de 8 créations ou arrangements musicaux et 34 titres de chansons pour notre chanteur. Mais il se peut fort qu’il y en ait plus encore. Bon nombre de ces titres sont co-composés avec Enrico.
Jean Claudric a composé notamment les entrées de l’Olympia 1982 avec « Soleil » et 1980 avec « Taina » et arrangé un certain nombre de morceaux classiques pour leur interprétation magistrale par le guitariste émérite qu’est Enrico
Parmi les chansons, on peut citer : Les gens du nord, Les filles de mon pays, Je t’aimerai pour deux, La folle espérance, A Venise, L’accordéon dans les rues de Paris, Aux quatre coins du monde, C’est notre anniversaire, Dis moi ce qui ne va pas, Dix ans déjà, I Faradje Rabbi, J’ai pleuré de joie, Jalousie maladie, Je le vois sur ton visage, Je porte bonheur, Je vous apporte la nouvelle, Le jour de ton mariage, La lavande, Mamma amore mio, La marelle, Même si c’est la fin du monde, On s’embrasse et on oublie, Ou est donc la vérité, Où s’en vont les amours d’été, Pardonne et n’oublie pas, La part du pauvre, Pourquoi parler d’amour, Le prénom de ton grand père, Quand on est amoureux, Que les femmes sont belles, Toi le poète, La vie dans la vie, Viens dimanche, Les yeux de l’amour
Jean Claudric maîtrise aussi parfaitement l’art de l’instrumentation. Il excelle dans l’habillage des mélodies. Pour Enrico, et avec son oreille exercée, il a toujours su mettre la note juste au bon endroit afin qu’elle soit jouée par le bon instrument.
Qu’elles soient conjointes ou disjointes, les notes choisies par Jean Claudric finissent toujours dans la même gamme tellement elles sont respectueuses du thème principal de la mélodie.
Le répertoire d’Enrico est, comme on le sait, teinté par la musique orientale et c’est pour cela que Jean Claudric (sans doute éclairé par ses origines algériennes), s’est imposé un travail rigoureux qui respecte cette caractéristique pour toujours la servir au mieux.
Il est important de souligner que, pour chaque spectacle, c’est avec la même rigueur et le même respect qu’il réécrit les arrangements, allant parfois même jusqu’à les perfectionner en y exprimant son approche immanente, ce qui donne des résultats dépassant l’aspect esthétique et relevant du merveilleux.
Les exemples sont multiples et nous pensons que l’un des plus représentatifs de ce travail « mystique » est « Le violon de mon père » à l’Olympia en 1995.
Le violon de mon père (extrait) – Olympia 1995
Comme l’ensemble de son travail pour Enrico, cette version nous amène à penser qu’il a un franc penchant pour les violons. Ceci est si vraisemblable que lorsqu’on écoute ses arrangements pour d’autres artistes ( et là, nous ne pouvons pas oublier de signaler qu’il a encouragé et aidé beaucoup d’artistes de tous bords, notamment algériens comme Brahim Izri, Malika Domrane et Sofiane dont vous pouvez écouter un extrait ci dessous….) , on constate qu’il met quasiment toujours en valeur la beauté des accompagnements aux violons.