Nous avons eu le plaisir, il y a quelques jours, de partager avec vous le regard porté par Nathan Foeller-Claudel sur Enrico Macias.
Aujourd’hui, il revient nous parler des liens particuliers qui unissent Enrico Macias et son grand-oncle, Jean Claudric, à qui il voue aussi, et à juste titre, une grande admiration
Ce texte a été relu et approuvé par Jean Claudric en personne

« Il a le don de servir l’interprète. Excellent musicien, il ne tire pas la couverture à lui… C’est un faiseur d’écrin musical. Quel que soit le bijou, il met un point d’honneur à lui donner de l’éclat, attirant l’oreille dès l’introduction, élaborant des contre-chants dignes d’être des mélodies, soulignant le thème avec tant de finesse que le plus banal des refrains prend un relief inattendu. »

Enrico Macias et Jean Claudric
(Tous droits réservés – archives personnelles Nathan Foeller-Claudel)

A travers ce passage de son livre « Non, je n’ai pas oublié » publié en 1982, Enrico Macias parle évidemment de Jean Claudric, son grand chef d’orchestre, arrangeur, orchestrateur et compositeur. Si Cheikh Raymond lui a donné une formation de musique arabo-andalouse, Jean Claudric est son « maître » en matière de musique de variétés, comme il le dit lui-même.
Aux guitares et aux mandolines de ses débuts, Claudric ajoute des violons et un accordéon. Dans ses arrangements, on appréciera d’ailleurs particulièrement le traitement des cordes, mais aussi la grande finesse des combinaisons entre les divers instruments de l’orchestre, les chœurs qui jaillissent d’un seul coup de façon inattendue… Il encourage Enrico à composer des valses et des marches pour qu’il ne se sente pas prisonnier de ses racines méditerranéennes tout en l’initiant à la musique dite « occidentale » et à l’harmonie.
Leur relation, leur histoire, leur collaboration sont incomparables, c’est une véritable symbiose. Enrico se souviendra dans « l’Envers du ciel bleu » (2015) de leur façon si naturelle de travailler ensemble avec son parolier le plus prolifique Jacques Demarny :

« On s’installe à la maison, Claudric au piano, Demarny dans le canapé et moi à la guitare.
Je propose une mélodie, Claudric improvise des harmonies, qui vont donner les couleurs de l’arrangement, et je choisis parmi ses propositions. Et puis la chanson vient toute seule. »

Les séances de travail se passaient dans une atmosphère détendue, dans la salle de musique d’Enrico, boulevard de Courcelles les premières années. « Tous les trois, nous faisions une équipe fantastique ! » se rappelle Macias.
Pied-noir né à Alger le 13 septembre 1930, de son vrai nom Jean-Claude Bacri, Claudric deviendra après des débuts de pianiste de jazz, le plus grand arrangeur de la chanson Française durant la seconde moitié du XXème siècle. Il « monte » à Paris en 1955 et est associé à des artistes comme Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Pierre Perret (Le Tord-boyaux, Les Jolies Colonies de vacances), Sheila (il l’accompagne à ses débuts et durant quelques années sous le pseudonyme de Sam Clayton), Mireille Mathieu, Charles Aznavour et des centaines d’autres. Il a également dirigé les orchestres de nombreuses émissions télévisées de Maritie et Gilbert Carpentier ou de Michel Drucker. Il enregistra aussi deux volumes du Monde Symphonique de Michel Sardou et Jacques Revaux : il obtint un disque d’or pour le premier en 1976 et dirigea le London Symphony Orchestra l’année suivante pour le second. Enfin, en 2004, Claudric a constitué un big band considéré comme un des meilleurs d’Europe. Mais il est quasiment impossible de résumer ainsi une carrière d’une telle dimension…

Il est à noter que Jean Claudric est le frère de Roland Bacri, le célèbre « petit poète » du Canard enchaîné qui maniait si bien le pataouète ; le père du grand compositeur contemporain Nicolas Bacri ; et le neveu de Marcel Daxely, célèbre comédien de la « bande à Pagnol » et pensionnaire de l’Alcazar de Marseille.

C’est lors d’un enregistrement pour un disque de Maya Casabianca qu’ils se rencontrent pour la première fois en 1962. Cette chanteuse décide de faire une reprise d’ »Adieu mon pays« . Le producteur Roland Berger souhaitant que l’introduction de guitare de la version originale soit conservée, fait donc venir Enrico Macias au studio pour qu’il la joue lui-même. Celui-ci est tellement impressionné par le travail de Jean Claudric qu’il insista auprès du directeur de la firme Pathé-Marconi pour qu’il devienne l’arrangeur de son prochain disque, disant qu’il était le seul à pouvoir écrire ses scores. La première chanson que Claudric dirigea fut « Paris tu m’as pris dans tes bras« . Il prendra ainsi la suite d’Anne Huruguen.

Jean compose avec lui en le guidant, il sera véritablement un « ange gardien » et apportera un enrichissement essentiel à son répertoire. A force de ténacité, il réussira par exemple à convaincre Enrico de chanter « Les filles de mon pays« , qu’ils ont composé ensemble, ce qu’il a refusé pendant un an, ayant peur de se ridiculiser avec les « lai lai lai ». On voit ainsi le génie de Jean Claudric.
Ensemble, ils enchainent les disques, les émissions de télévision et les Olympia. Ils se sont produits également au Carnegie Hall de New York, au Albert Hall de Londres, à Tokyo quatre années de suite…

Jean Claudric et Enrico Macias – Centre Rachi – 2016

Il est fabuleux de percevoir l’évolution des arrangements à travers les différents Olympia au fil des années. Claudric garde une base, mais ajoute à chaque fois une « touche » subtile supplémentaire pour apporter une nouveauté aux anciens titres. Ainsi, Jean a su traverser le temps en se nourrissant de ce qui se faisait à l’époque. Selon Jean-Claude Ghrenassia, « il y a un peu de Phil Spector dans les chansons des années 60»

Soulignons que Jean Claudric n’a pas seulement été arrangeur de centaines de titres pour Enrico Macias, ils ont composé une bonne quarantaine de morceaux à quatre mains, et non des moindres. Outre « Les gens du Nord » et « Les filles de mon pays« , on peut citer sans souci de la chronologie : « Aïe, aïe, aïe je t’aime« , « Je le vois sur ton visage« , « Les yeux de l’amour« , « Dix ans déjà« , « C’est notre anniversaire« , « La vie dans la vie« , « Je t’aimerai pour deux« , « J’ai pleuré de joie« , « Où est donc la vérité« , « Aux quatre coins du monde« , « Quand on est amoureux« , « Dis-moi ce qui ne va pas« , « La lavande« , « La folle espérance« , « Je porte bonheur« , « La musique et moi« , « C’est ça l’amour« , etc…

Bien sûr, nous nous devons de mentionner Martial Ayela, qui accompagnait Enrico lors de ses tournées en province, on pourrait d’ailleurs évoquer d’autres arrangeurs qui ont œuvré auprès de lui de manière assez épisodique – comme Benoît Kaufmann, Hervé Roy, Roger Loubet – mais c’est bien Jean Claudric qui occupe une place prépondérante dans la vie d’Enrico Macias étant son compagnon de route privé. Au-delà de la sphère professionnelle et même de l’amitié, il y un vrai lien encore plus profond qui les unit, ils sont des « membres de la famille » l’un pour l’autre, des « frères ». Jean Claudric se souvient « d’heures extraordinaires passées chez Enrico avec [s]on épouse Huguette, devant un couscous préparé au dernier moment par Suzy, femme d’Enrico. »
Et à Jean d’ajouter : « On a tout vécu ensemble : des moments de joie, ponctués de rires, de larmes de bonheur, traversant des périodes où le trac cohabitait avec le doute, l’angoisse mais toujours fier et heureux du succès grandissant. » Quant à lui, Enrico est toujours présent dans les rassemblements familiaux et les mariages chez les Bacri…

De gauche à droite :
Jean Claudric, Huguette Claudric, son épouse, Enrico Macias et Suzy
(archives personnelles Nathan Foeller-Claudel

Depuis ces dernières années, c’est Jean-Claude Ghrenassia – fils d’Enrico – qui a remplacé Jean Claudric. Il raconte lui-même : « Jean Claudric est une de mes plus grandes influences, si je fais de la musique aujourd’hui, c’est à cause de lui ! J’ai passé beaucoup de temps à étudier la musique avec ses scores d’orchestre ! Je fais mes propres arrangements en regardant le travail du Maître, mais je ne peux pas me comparer, c’est incomparable ! »
Aux sujet des nouvelles orchestrations qu’il écrit actuellement pour les concerts de son père, il m’a dit : « Certains titres ont été réarrangés, mais Jean-Claude reste notre référence, surtout pour les classiques. »

Nous n’insisterons jamais assez sur le rôle capital de l’arrangeur dans la naissance d’une chanson.
Selon l’article 68 du règlement général de la Sacem, « constitue un arrangement la transformation d’une œuvre musicale avec ou sans paroles par l’adjonction d’un apport musical de création intellectuelle », ce qui met bien en évidence la place de choix que l’imagination tient dans ce métier. L’arrangeur commence par harmoniser la mélodie pour lui adjoindre un soutien. Ensuite, il doit écrire une introduction pour définir l’ambiance de la chanson, et trouver des contre-chants (lignes mélodiques qui accompagnent, sur les mêmes harmonies, l’exécution du thème principal), ainsi que des réponses entre les différents instruments, un gimmick (signature musicale répétitive pour provoquer un effet marquant)… Quant à l’orchestration, c’est l’art de répartir les notes à jouer pour les différents instruments de l’orchestre – selon le son attendu -, et pour chacun des musiciens. Bref, le but de l’arrangeur-orchestrateur est de taille : mettre en valeur la chanson et l’interprète, pour cela il peut aussi s’appuyer sur des chœurs. Tous les professionnels de la musique s’accordent à dire que, sans un bon arrangement, on peut passer à côté du succès, c’est dire son importance !

Avec ses instrumentaux – parmi lesquelles les introductions « Soleil« , « Taïna« , « Sarabande » ou « la Sortie Espagnole » – qui ouvrent et mettent souvent fin aux spectacles à l’Olympia, Jean Claudric a le génie de plonger instantanément le public dans l’ambiance du spectacle en donnant une couleur à celui-ci (music-hall, disco, orientale…).
Il a arrangé également à plusieurs reprises des œuvres traditionnelles du folklore parfois inscrites au domaine public et conçu – tel un grand couturier – des solos de guitare sur mesure pour Enrico d’après des partitions préexistantes, comme pour l’Asturias d’Albeniz. Jean est aussi l’auteur avec Martial Ayela d’un fameux « Prélude« .
Parfois, il accompagne Enrico seulement au piano, comme en témoigne la version épurée et mémorable de « La tolérance« .
Claudric a accompli un tour de force : il a réussi à donner une véritable authenticité aux chansons d’Enrico grâce à un son inimitable !

Jean Claudric explique avec émotion : « Mon histoire avec Enrico est tout à fait exceptionnelle. Ce n’était pas un artiste qui m’appelait pour que je fasse les arrangements de son disque, nous avons fait une création totale. C’est même une seconde naissance. Il est né avec moi, et moi, je suis né avec lui ! »
Toujours fidèle et reconnaissant, Enrico l’invite chaque année à la première de son nouveau spectacle pour le mettre à l’honneur en le faisant monter sur scène. En 2020, il lui offre aussi une courte préface pour son recueil de souvenirs et d’anecdotes « Un Pied-noir à Paris« , dans laquelle il utilise une anaphore, comme une allusion à un célèbre titre de son répertoire :

Enrico Macias et Jean Claudric – Olympia 2019

« Que de souvenirs avec Jean Claudric tant nos vies sont liées.
Non je n’ai pas oublié ses orchestrations magiques qui apportaient la Méditerranée dans des valses parisiennes.
Non je n’ai pas oublié les mélodies que nous composions ensemble en convoquant le soleil dans des ciels gris !
Non je n’ai pas oublié notre complicité et son soutien fraternel lorsque le trac me coupait le souffle avant la scène.
Non je n’ai pas oublié que comme Paris c’est toi Jean Claudric qui m’a pris dans tes bras ! »

Nathan FOELLER-CLAUDEL

Si vous ne l’avez pas lu, ne manquez pas cet autre article :
Enrico Macias dans les yeux de Nathan Foeller-Claudel

Lundi 13 mai 2013, Mireille Dumas nous fait le présent de consacrer son émission « Signé Mireille Dumas » à Serge Lama et Enrico Macias, deux immenses vedettes de la chanson françaises, fêtant tous deux leurs cinquante ans de carrière, et unis depuis 48 ans par des liens très particuliers et douloureux

A cette occasion, notre grande amie, Muriel Meimoun, nous a envoyé une page de sa composition retraçant cette histoire

Merci Muriel !

Enrico et Serge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Située à l’est de l’Algérie, Constantine, troisième ville du pays, n’a pas une image canaille comme Oran. Morne et compassée, disent ceux qui ne la portent pas dans leur coeur. Elle pue la religiosité, ajouteront d’autres. Juchée sur une falaise, l’ancienne capitale de la Numidie semble narguer le visiteur, tandis que ses nombreux ponts baptisés de noms de saints donnent le vertige. La cité n’en demeure pas moins l’une des capitales du malouf, cette école de musique arabo-andalouse rapatriée d’Espagne après la chute de Grenade, en 1492. Elle partage cet héritage avec Tunis et Tripoli et a longtemps abrité, jusqu’en 1987, un festival qui rendait hommage à ce style de musique un peu moribond. Les noubas ou suites (treize et des poussières en tout) qui caractérisent la tradition constantinoise relèvent du bel ouvrage. Les Ottomans qui sont passés par là y ont laissé aussi quelques traces admirables, donnant à penser qu’à Constantine, on s’adonnait à la fusion avant l’heure. Raymond Leyris, beau-père d’Enrico Macias, y fut pour beaucoup.

Né le 27 juillet 1912 d’un père juif chaouï aisé et d’une mère française, il fut abandonné par cette dernière après la mort de son géniteur, sur le front de la Somme. Recueilli par une famille juive très pauvre, le petit Raymond en hérita un aspect rigoureux, fait d’humilité. Dans une photo d’époque, on le voit poser, à l’âge de 15 ans, en costume local, clin d’oeil à une tradition qu’il s’emploiera toute sa vie à réhabiliter. Ses professeurs furent les légendaires Cheikhs Chakleb et Bestandji et son orchestre comptait notamment Enrico Macias et son père Sylvain, ainsi que le fabuleux violoniste Nathan Bentari. Entre 1956 et 1961, alors au sommet de son art, il enregistra près de trente 33 tours, auxquels s’ajoutent les multiples 78 tours gravés auparavant. Celui qu’Enrico Macias désigne comme son « chanteur préféré » et dont il a épousé la fille, Suzy, fut assassiné dans un souk de Constantine le 22 juin 1961, sans doute par un détraqué qui voulait faire fuir la communauté juive. Vénéré par tous les grands noms du malouf, le Cheikh reste encore aujourd’hui la référence majeure du genre. Le livre signé Bertrand Dicale le rappelle pertinemment.

Rabah Mezouane

Article paru sur le site www.mondomix.com ICI

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