Enrico Macias sera en concert à la salle des fêtes de Chaumont le 20 novembre prochain. L’artiste franco-algérien de 83 ans est actuellement en tournée pour fêter ses 60 ans de carrière. Quelques semaines avant son spectacle à Chaumont, il s’est prêté au jeu de l’interview pour jhm quotidien.
Jhm quotidien : Vous retrouvez le public après toutes les difficultés que l’on a connues, notamment liés à la Covid. Dans quel état d’esprit êtes-vous pour cette tournée ?
Enrico Macias : Je me sens très bien. Avec cette tournée, je fête aussi mes 60 ans de carrière. Ce n’est que du plaisir pour moi.
jhm quotidien : Est-ce que vous êtes déjà venu jouer à Chaumont ?
E. M. : Vous savez, je ne connais pas un endroit où je n’ai pas joué. C’est près de Reims, c’est ça ?
jhm quotidien : Un peu plus au sud-est quand même. Plutôt entre Troyes et Dijon.
E. M. : Ah si, je m’en rappelle (Il avait eu l’occasion de jouer à Nogent le 20 novembre 2006).
jhm quotidien : Sur scène, vous êtes accompagné d’Al Orchestra, une formation de six musiciens dont fait également partie votre fils Jean-Claude Ghrenassia. Comment s’est décidée cette collaboration ? Y a-t-il une histoire familiale derrière cela ?
E. M. : Mon fils est un artiste et un artisan d’Al Orchestra. Ce n’est pas une question de famille. C’est avant tout une question de talent. C’est ce même talent que mon fils a voulu mettre au service de ma musique. S’il n’était pas bon, je ne l’aurais pas pris ! (Rires)
Pour Al Orchestra, c’est la même réflexion. J’ai choisi ces musiciens en fonction de leur talent. Je crois que c’est la formation idéale, ni trop grande, ni trop petite, mais qui possède plusieurs cultures différentes. Que l’on joue de la musique andalouse, latine, ou de la variété française,… Peu importe le cas de figure, ils savent jouer à chaque fois avec ressenti. Leur ressenti.
jhm quotidien : 60 ans de carrière, compilés en un spectacle d’une heure trente. Comment avez-vous décidé quels titres jouer ? Cela ne doit pas être une mince affaire à trouver le bon équilibre.
E. M. : Non, c’est assez facile finalement cette sélection. Au fond de moi, je sais quels titres jouer, avec ce mélange des chansons classiques, les tubes, et un peu plus de modernité. C’est comme avec l’équipe de France ! (Rires) C’est exactement ce que je cherche à faire, sans jamais changer le style de ma musique.
jhm quotidien : Quelle atmosphère voulez-vous donner à ce spectacle ?
E. M. : Je cherche à retranscrire le reflet de toute ma musique, toute ma discographie. Vous savez, mon répertoire est comme mon public. Il y a toute une variété de gens issus d’horizons différents. Que ce soit dans ma musique ou mon spectacle, ce sont toutes mes origines musicales qui s’expriment. Et j’en suis fier.
J’ai le sentiment d’avoir réussi quelque chose de l’ordre de la transmission. Pendant cette tournée, ce qui me réjouit est de constater l’adhésion des nouvelles générations qui vient se coller aux anciennes. J’ai ce privilège de transmettre une passion et des émotions.
jhm quotidien : Dans votre longue carrière, est-ce qu’il y a quelque chose que vous regrettez ? Ou que vous auriez voulu mieux traiter ?
E.M. : Je vais vous dire… Je crois que si on avance avec des regrets, on recule. Les échecs amènent le succès, et cela m’est arrivé sans que ça ne me fasse tourner la tête. Il faut tout accepter. Les hauts et les bas font partis du parcours d’un artiste. C’est pour mettre en lumière les hauts que nous rencontrons les bas. On ne peut pas toujours être en vacances, il faut travailler avant d’y être.
jhm quotidien : Vous avez plusieurs fois chanter l’exil, comme dans “Adieu mon Pays”, ou encore sa place dans la société avec “Enfant de tous pays”, ou “La France de mon Enfance”. Comment réagissez-vous quand on s’aperçoit que ces chansons et ces thèmes sont toujours d’actualité ?
E. M. : Je réagis avec une certaine tristesse. Quand je chantais « Enfant de tous pays”, je prônais la fraternité des peuples, de l’humanité. Je ne pensais pas la chanter 60 ans plus tard et voir que ça ne change pas. J’ai toujours un idéal, mon idée à moi, de penser que ça ira mieux. Je sais qu’un jour ou l’autre, ça ira mieux. Ce qui ne veut pas dire que cela se passera forcément de mon vivant.
jhm quotidien : Une grande partie de votre répertoire poétise la beauté de la Méditerranée. On ne peut occulter les parts d’ombre qu’elle renferme, notamment la situation des migrants. Qu’est-ce que cela vous évoque ?
E. M. : Ce que je chante depuis toujours, c’est un rêve. Des rêves qui se réaliseront. Certains d’ailleurs se sont réalisés. Quand je vois cette misère, évidemment, cela me bouleverse. Mais il n’y a pas que la situation des migrants, il y a aussi cette guerre qui se trouve à nos portes. Ce que j’ai vécu en Algérie il y a 60 ans… (Il réfléchit.) Je veux dire que j’ai l’impression que ce que j’ai dit, écrit et chanter est un échec. Mais non ! Non ! Et cela prouve qu’un jour ou l’autre, ça s’arrangera. De toute façon, l’humanité n’aura pas le choix.
“Je fais confiance à mon inspiration”
jhm quotidien : Vous êtes un éternel optimiste. D’ailleurs, l’amour et le soleil sont partie prenante de vos textes.
E. M. : C’est ma philosophie. Je me suis très vite aperçu que le négatif n’apporte rien. C’est comme en mathématiques. Ce qui compte à la fin, c’est le positif. Dans mon parcours, j’ai vécu des choses merveilleuses, mais aussi des drames. Et dans toutes mes chansons, il y a toujours de l’espoir. Quand il est là, c’est le début du positif. L’espérance me fait vivre.
jhm quotidien : Après avoir écrit sur tant de thèmes, avez-vous encore de l’inspiration ? Après tout, c’est elle le secret de cette longévité.
E. M. : J’ai toujours des idées, oui. Dieu m’a donné une longue vie et je vais continuer à écrire et à chanter si Dieu me donne encore santé et vie. En tout cas, je fais confiance à mon inspiration. Parfois, elle me laisse pendant plusieurs mois, mais elle ne m’abandonne pas. Il suffit d’une émotion qui me bouleverse pour que mon inspiration revienne. Elle n’est jamais bien loin partie. Je crois que c’est la destinée qui veut cela. Je pense avoir une mission que d’autres poursuivront après moi.
Propos recueillis par Joffrey Tridon
j.tridon@jhm.fr
Le concert aura lieu le dimanche 20 novembre 2022 à 16h, à la salle des fêtes de Chaumont. Les places sont tarifées à 42 € (placement numéroté). Les réservations sont encore possibles par téléphone au 06.77.04.48.90 ou au 06.87.69.73.46.
Article paru sur JHM.FR : Enrico Macias : « Dans toutes mes chansons, il y a l’espoir » – JHM