Un témoignage sans concession
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Le chanteur, musicien, compositeur et acteur français Enrico Macias se livre entièrement, pour la première fois, dans une autobiographie poignante, L’envers du ciel bleu. Il y révèle son amour de la musique arabo-andalouse, son enfance en Algérie, son exil en France et évoque des moments forts de sa carrière.
Enrico Macias, l’homme souriant, le pied-noir qui chante la beauté du soleil de la Méditerranée raconte le deuil de son pays perdu, l’Algérie, et le pays qu’il a dû apprivoiser, la France. Il raconte aussi son enfance à Constantine, son apprentissage de la musique malouf auprès de Cheikh Raymond, un virtuose, et de son père violoniste. Sa première guitare. L’assassinat de Raymond. Son exil et sa carrière.
Page après page, on découvre son histoire, qui est aussi celle d’un enfant d’une Algérie où les Juifs vivaient depuis 2000 ans et qui a découvert la France comme un pays d’exil. Son témoignage est direct, sans concession, très émouvant.
L’espoir
En écrivant L’envers du ciel bleu, Enrico Macias avait envie de dire que, malgré l’image festive qu’il dégage, il y a en lui une douleur profonde et cachée. «La douleur, je ne peux pas l’éradiquer, mais ce que je peux, c’est transmettre l’espérance», commente-t-il en entrevue téléphonique de sa résidence parisienne. «Ce que je veux, c’est l’espoir. Et l’espoir que tout aille mieux, personne ne peut me l’enlever. Mon histoire est une histoire collective, qui a été suivie par des dizaines de milliers de gens.»
Enrico Macias, qui vit à Paris et dans le sud de la France, a été bouleversé par les attentats survenus au cours de l’année à Paris. «Je me suis aperçu que l’histoire est un éternel recommencement, mais que l’espérance est un éternel message que je vais faire passer. Je pense que, malgré tout ce qui peut se passer, mon espérance est plus grande que les événements qu’on a vécus et qui m’ont bouleversé, évidemment. Un jour, la lumière viendra arranger tout ça.»
La musique, rappelle-t-il, est universelle et représente «un médicament pour tout». «C’est un pont entre les différentes civilisations, les différentes communautés, les différents pays. Même un pont entre des pays qui peuvent être éventuellement en conflit.»
Enrico Macias parle d’ailleurs beaucoup dans son livre de la musique malouf, une musique savante, métissée, née des traditions arabo-andalouses en Algérie. «J’ai eu l’héritage musical de mon père qui était un très grand violoniste de musique arabo-andalouse et il était aussi le bras droit du grand maître Cheikh Raymond Leyris, le chef d’orchestre qui m’a découvert et m’a fait jouer dans son orchestre quand j’avais 15 ans, aux côtés de mon père. J’ai une formation de musique arabo-andalouse très forte, et cette influence est restée.»
Quand il a quitté l’Algérie après l’assassinat de Cheikh Raymond, il a créé un répertoire pour se soigner du chagrin de l’avoir perdu et d’avoir quitté son pays. «Dans mes chansons, je n’ai jamais copié la musique arabo-andalouse, mais l’influence est là. Vous prenez par exemple Dis-moi ce qui ne va pas, qui est typiquement française: si vous mettez des paroles en arabe, ça devient de la musique arabo-andalouse.»
Par ailleurs, il apprécie énormément le public québécois et espère revenir au mois de juin. «C’est un des meilleurs publics qui puissent exister dans ma carrière puisqu’il est d’une fidélité incroyable. Chaque fois que je viens au Québec, les salles sont pleines, les gens réagissent au quart de tour et m’adorent. Et moi, j’adore les Québécois et j’aime le Québec!»
Enrico Macias revient d’une tournée aux États-Unis, en Turquie et en Égypte.
Il va chanter à l’Olympia au mois de janvier et prépare un nouvel album qui sortira en février.
Article paru dans le journal de Montréal : http://www.journaldemontreal.com/2015/12/11/un-temoignage-sans-concession
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