Une entrevue avec Enrico Macias

By ELIAS LEVY, Reporter
Wednesday, 28 September 2011
L’une des plus célèbres stars populaires de la chanson française, Enrico Macias, sera l’invité d’honneur du Festival Sépharade 2011, une manifestation culturelle organisée annuellement par la Communauté sépharade unifiée du Québec, qui aura lieu du 12 au 27 novembre prochains.

Le célèbre chanteur Enrico Macias en compa­gnie de ses musiciens, avec qui il a enregistré son nouvel Album CD, Voyage d’une Mélodie
Une Soirée hommage, à laquelle participeront de nombreux invités surprises, soulignera avec éclat les 50 ans de carrière de ce chanteur et musicien exceptionnel, Ambassadeur de l’O.N.U. pour la Paix et apôtre infatigable de l’amitié entre les peuples.

Cette Soirée souper-spectacle, qui sera animée par Marc Kakon, actuel Président de la Communauté sépharade unifiée du Québec, et Sonia Benezra, aura lieu le 27 novembre, à partir de 18h, à l’Hôtel Hyatt -pour réservations, contacter Katia Dahan au 514-998-2023.

C’est la troisième année consécutive que le Festival Sépharade de Mont­réal rend hommage à un artiste Sépharade de renommée internationale. En 2009, le compositeur franco-québécois Félix Gray fut honoré. En 2010, ce fut au tour du comédien et humoriste français Michel Boujenah.

Enrico Macias présentera en grande première nord-américaine son nouveau spectacle inspiré de son dernier Album CD, Voyage d’une Mélodie, un périple envoûtant à travers les Cultures et les Musiques juives.

Entretien à bâtons rompus avec optimiste résolu.

Canadian Jewish News: Vous entretenez depuis longtemps une relation étroite et très particulière avec le public montréalais.

Enrico Macias: C’est toujours un très grand honneur pour moi de chanter à Montréal, surtout quand je suis invité par l’extraordinaire Communauté sépharade établie dans cette merveilleuse Ville francophone d’Amérique du Nord. Le fabuleux et généreux public québécois m’a toujours réservé un accueil très cha­leu­reux. Je le remercie du fond du coeur pour le soutien précieux et indéfectible qu’il m’a prodigué durant les 50 années de ma carrière artistique. Un grand merci aussi à la très dynamique équipe du Festival Sépharade de Montréal et à mon grand ami Marc Kakon, Président de votre Communauté, pour me donner l’opportunité de célébrer avec vous cette année la Culture et la Musique sépharades. Je souhaite de tout coeur que le spectacle que je donnerai le 27 novembre prochain à Montréal soit avant tout une grande Fête de l’amitié et de la fraternité, à laquelle je convie les Montréalais de toutes les origines ethniques. J’ai toujours été un adepte invétéré d’un Séphardisme inclusif et rassembleur. Je serai accompagné sur scène par un formidable Orchestre symphonique mont­réalais dirigé par un Chef musical israélien très talentueux, Tom Cohen.

C.J.N.: Lors de ce Concert, vous chanterez des chansons de votre nouvel Album CD, Voyage d’une Mélodie. Ce Disque est un vibrant hommage à toutes les Musiques juives.

Enrico Macias: C’est mon fils, Jean-Claude Ghrenassia, compositeur et arrangeur musical, qui a entièrement conçu et mener à terme le Projet de cet Album. C’est un Voyage à travers les Traditions musicales juives sépharade et ashkénaze. Je chante des chansons en hébreu, en yiddish, en ladino, en arabe et en berbère. Avec cet Album, j’ai voulu bâtir un pont entre les riches Cultures sépharade et ashkénaze. Ces deux grandes Communautés juives ont des repères culturels différents, mais ont la même racine identitaire. Je vous convie à un Voyage musical qui a pour but de sillonner tous les Terroirs où les Cultures et les Musiques juives ont connu un essor extraordinaire pen­dant plusieurs siècles. Nous, Juifs, sommes aujourd’hui les héritiers de ce merveilleux Patrimoine culturel et musical. Cet Album est un boomerang de Cultures juives.

C.J.N.: C’est la première fois que vous chantez en yiddish?

Enrico Macias: J’ai pris des cours de yiddish avec un superbe professeur, Claude Zufrieden, pour me fami­lia­ri­ser avec cette langue nourrie d’allemand et d’hébreu. Je ne voulais surtout pas chanter en phonétique. Je chante en yiddish Paris tu m’a pris dans tes bras avec le légendaire chanteur et acteur Juif américain d’ori­gine autrichienne Theodor Bikel, aujourd’hui âgé de 88 ans, avec qui je me suis lié d’amitié en 1968, lors d’un concert que j’ai donné à New York. Theodor était ce soir-là dans la salle. Quand il a entendu Paris tu m’a pris dans tes bras, il a cru qu’il s’agissait d’une adaptation d’un classique musical juif d’Europe de l’Est. Cette anecdote confirme qu’une mélodie n’a pas de nationalité parce qu’elle est toujours universelle. J’interprète aussi un autre grand classique du répertoire musical yiddish, Noch ein Glasses, une chanson à l’allégresse contagieuse portée par les cuivres d’une fanfare tsigane.

C.J.N.: Vous célébrez aussi dans cet Album les Musiques arabo-andalouse et sépharade.

Enrico Macias: Absolument. Je chante en duo avec le célèbre chanteur kabyle Idir. J’interprète avec la merveilleuse chanteuse israélienne Yasmin Levy deux ballades en ladino. J’évoque au rythme des guitares arabo-andalouses le déracinement des Sépharades. C’est la romancière Éliette Abécassis qui a écrit le texte de cette chanson. L’Album se termine avec une prière hébraïque de paix interprétée en duo avec Daniel Lévi dans le pur style judéo-arabe.

C.J.N.: On a l’impression en écoutant les chansons de cet Album que vous avez renouvelé votre style musical?

Enrico Macias: Un chanteur doit absolument accepter de renouveler son style, tout en demeurant fidèle à ses racines musicales. Pour moi, la musique c’est comme un océan. C’est un univers où il n’y a pas de barrières ni de frontières. Il faut intégrer constamment de nouveaux airs musicaux à son répertoire. La mondialisation de la musique n’est pas un phénomène récent.

C.J.N.: En février dernier, vous avez été décoré par l’Association des Artistes israéliens au cours d’une cérémonie à Tel-Aviv, en présence de personnalités israéliennes et françaises. En mai, quelques jours avant la célébration de Yom Hatzmaouth, vous avez donné un Récital, à guichets fermés, au Palais de la Culture -Heikhal Hatarbout- de Tel-Aviv. Israël a toujours occupé une place très importante dans votre coeur et dans votre carrière artistique.

Enrico Macias: En Israël, je me sens vraiment chez moi. J’étais ravi d’y retourner pour chanter. Ce fut une soirée magique et mémorable qui m’a profondément ému. Israël était certainement l’endroit le plus approprié pour présenter mon Album Voyage d’une Mélodie parce que c’est le pays qui a su rassembler et intégrer toutes les Planètes de la Culture juive. Israël est aujourd’hui un laboratoire unique de brassage des Cultures.

C.J.N.: Vous avez toujours défendu l’État d’Israël avec beaucoup de passion. Votre Sionisme vous a même valu de nombreuses inimitiés et un boycott artistique, toujours en vigueur, dans les pays arabes.

Enrico Macias: Mes positions ont toujours été très limpides. Je n’ai jamais caché mon attachement indéfectible à l’État d’Israël. Je n’en tire aucune gloire. Je considère que c’est mon Devoir, comme le Devoir de chaque Juif, de soutenir l’État d’Israël. Nous, Juifs, faisons partie d’un peuple qui a énormément souffert au cours de l’Histoire. Si nous sommes aujourd’hui des êtres libres et marchons avec une grande dignité, la tête haute, c’est grâce à l’État d’Israël, qui est toujours en première ligne pour nous protéger, où que nous soyons dans le monde. Ça, nous ne devons jamais l’oublier. Lorsque les Juifs ont des ennuis dans le monde, il leur reste Israël, qui ne les laissera jamais tomber.

C.J.N.: Avez-vous toujours bon espoir que les Israéliens et Palestiniens se réconcilient un jour?

Enrico Macias: Je vais bientôt avoir 73 ans. Mon optimisme ne s’est jamais effiloché. Je suis conscient que le chemin pour parvenir à une paix équitable entre Israël et les Palestiniens sera rude et semé d’écueils. Mais il ne faut pas désespérer, ni baisser les bras. Pour moi, le Messie, que beaucoup de Juifs attendent toujours impatiemment, est arrivé le 14 mai 1948, quelques années après la Shoah, le Jour où l’État d’Israël fut créé. Tout ce qui pourra arriver au peuple juif sera nettement moins grave que les épreuves morbides que celui-ci a dû subir pendant la Shoah. Les Juifs ont déjà payé un prix très élevé pour leur liberté et leur sécurité. L’État d’Israël est le garant de cette liberté.

La Paix entre Israël et le monde arabe, j’y ai toujours cru. Je n’oublierai jamais l’invitation que le Président égyptien, feu Anouar el-Sadate, m’adressa personnellement en mars 1979 pour chanter au Festival de la Paix, au pied des Pyramides, devant 20000 spectateurs Arabes. C’était la première fois depuis 1963 que je rechantais dans un pays arabe. Le courage homérique de Menachem Begin et d’Anouar el-Sadate doit nous inspirer et nous servir de modèle. Il n’y a pas un autre chemin pour aboutir à la Paix. Pour y arriver, il faut combattre avec force les extrémistes des deux bords, sans complaisance, à la hauteur de leurs malfaisances respectives.

C.J.N.: Quel regard portez-vous sur le “Printemps arabe”?

Enrico Macias: Je ne sais pas quelle sera la finalité de ce “Printemps arabe”. Ce que je sais par contre, c’est que ces mouvements de contestation populaire sont une avancée très signi­fi­ca­tive par rapport à la situation totalement sclérosée aux niveaux politique et social dans laquelle ces peuples arabes vivaient avant qu’ils ne se révoltent. C’est indéniablement un pas en avant très encourageant. Tous les extrémistes ont été pris de court par ces mouvements populaires et cet élan inattendu de la Jeunesse arabe. Ces révoltes sont un sévère camouflet pour l’Iran fon­da­men­ta­liste de Mahmoud Ahmadinejad. ­J’espère que ces mouvements de contestation préserveront leur caractère démocratique et que les islamistes n’exploi­teront pas malicieusement ce rare moment démocratique dans le monde arabo-musulman pour s’accaparer du pouvoir.

C.J.N.: Vous semblez être un éternel optimiste. Pour vous, le rapprochement entre les peuples et les Cultures n’est pas un voeu chimérique mais un credo impératif que vous vous escrimez à mettre en oeuvre dans le cadre de votre fonction honorifique d’Ambassadeur itinérant de l’O.N.U. pour la Paix et l’Enfance.

Enrico Macias: La réconciliation entre les hommes, j’y crois dur comme fer. Toutes les “solutions” concoctées par les hommes politiques pour rap­pro­cher les peuples ne pourront jamais être aussi efficaces qu’un “médicament” miraculeux appelé “Culture”. Le brassage des Cultures permet aux gens de mieux se comprendre, de mieux se connaître, de mieux s’aimer. Très souvent, on découvre ébahi un pays et sa Culture en écoutant les Musiques de cette contrée. Je suis convaincu que la Culture contribue à rapprocher les peuples et à favoriser un dialogue constructif et fructueux entre des hommes provenant d’horizons culturels différents.

C.J.N.: Avez-vous de nouveaux Projets artistiques?

Enrico Macias: Dans quelques semaines, j’entamerai une Tournée mondiale pour présenter mon nouvel Album, Voyage d’une Mélodie, au Canada, aux États-Unis, au Japon… Côté Cinéma, on me reverra, en 2012, dans La vérité si je mens 3, où j’interprète le rôle, plus étoffé cette fois-ci, de Maurice Boutboul. Je joue aussi dans le film d’Éric Lavaine, Croisière Caraïbes, aux côtés de Franck Dubosc, Valérie Lemercier et Gérard Darmon. Ce film prendra l’affiche en octobre prochain.


Renowned French recording artist Enrico Macias will be the guest of honour at this year’s Festival Sépharade, Nov. 12 to 27.

3 Comments on “Une entrevue avec Enrico Macias

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