Photo Maxime Picard – Imacom
Steve Bergeron – La tribune
Même si Monsieur Macias, à presque 71 ans, a maintenant le vibrato moins leste et le pas plus calculé, il a toujours en lui cette flamme inextinguible, ce sens de la fête qui le rend si proche, même si on a envie de le saluer bien bas pour un tel parcours de vie.
«Il y a longtemps que je n’étais pas venu chanter dans la région. Je garde de bons souvenirs de Sherbrooke», a-t-il assuré. Plus tard, la dernière ligne de Paris tu m’a pris dans tes bras deviendra Cheurbrwooke, je suis ben dans tes bras. «Vous êtes ben cute!» ajoute-t-il dans le délire total.
Après quinze petites minutes de retard, la prestation a commencé lentement. Il faut dire que Gaston Ghrenassia avait réservé pour le début ses chansons où le texte se goûte à la syllabe près. Il a bénéficié d’une assistance d’une grande qualité d’écoute.
Dès la troisième chanson, les six musiciens se retrouvaient dans la pénombre, pendant que la vedette du jour empoignait sa guitare, démontrant encore l’adresse de gitan dont il est encore capable sur sa six-cordes.
Mais c’est avec Noël à Jérusalem que l’Algérien a mis le feu dans la salle. Jusqu’alors timides, les interventions des spectateurs sont devenues assurées et gaillardes, qu’il s’agisse de faire les lalala, les poï poï poï ou les aïe aïe aïe. Une chanson en espagnol, La casa del sol, avivait les braises, pendant que Dis-moi ce qui ne va pas transformait le Granada en choeur volontaire.Tous les détails dans La Tribune de vendredi…

Photo Rocket Lavoie – Le quotidien

Mélyssa Gagnon – Le Quotidien

(LA BAIE) Gaston Ghrenassia, alias Enrico Macias, a fait une fleur à plusieurs dames du Saguenay-Lac-Saint-Jean hier soir au Théâtre du Palais municipal de La Baie, à l’occasion du coup d’envoi de sa tournée québécoise.

Elles étaient nombreuses, ces dames, assises dans les gradins de l’amphithéâtre baieriverain, à fredonner les airs popularisés au fil des ans par le célèbre chanteur d’origine algérienne. Certes, il y avait des hommes dans la salle. Mais en grande majorité, le public était formé de représentantes de la gent féminine, pour la plupart âgées de 50 ans et plus.

Reconnu pour sa musique arabo-andalouse emblématique de ses terres natales, Enrico Macias a prouvé, s’il devait encore le faire, qu’il sait conjuguer rythme et romantisme. Vêtu d’un complet marine et d’une chemise à rayures, le chanteur qui ne fait pas du tout ses 70 ans, s’est montré relativement discret à son entrée sur scène.

Après avoir entamé les premières notes de «Juif espagnol», pièce aux paroles légèrement modifiées, passage au Québec oblige, la glace était cassée. Sympathique, Enrico Macias a souligné l’importance qu’il accorde aux gens des régions. À maintes reprises pendant le concert, le chanteur y est allé de clins d’oeil à la Belle Province, à La Baie, à Chicoutimi.

«La région, c’est plus important que tout. C’est le Québec profond que je viens rencontrer», a-t-il signifié, avant d’être applaudi chaleureusement.

Il n’en fallait pas plus, mis à part peut-être la très attendue livraison du classique «Dis-moi ce qui ne va pas», pour que le public soit totalement conquis. Cette chanson fétiche des Québécois s’est pointée assez tôt en soirée. Quatrième, pour être précis. Satisfaite, la foule n’avait qu’à se laisser bercer.

Le journal de Sherbrooke
Cynthia Dubé
Spectacles – Publié le 28 octobre 2009 à 16:03

Il fait carrière aux quatre coins de la planète, et ce, depuis maintenant quarante-sept ans. Au cœur d’une tournée internationale dans laquelle ses grands succès sont à l’honneur, Enrico Macias s’arrête au théâtre Granada, le jeudi 5 novembre.

« C’est un spectacle qui représentera toutes mes racines musicales. Je ferai un petit panorama de mon histoire. J’y interprèterai quelques nouvelles chansons, mais surtout mes grands succès, puisque le public préfère entendre mes anciennes chansons », explique d’un ton des plus sympathiques Enrico Macias.

Et elles sont nombreuses ses anciennes chansons qui ont la cote du public! Après tout, le chanteur guitariste a vendu plus de soixante millions d’albums au cours de sa longue carrière. Un nouvel opus devrait sortir en 2010, soit dix ans après La vie populaire.

Artiste voyageur

La tournée de spectacles 2009-2010 l’emmène encore une fois à voyager d’un bout à l’autre de la planète. L’artiste français né en Algérie se dit d’ailleurs citoyen du monde. « Je suis contre les frontières! J’aime voyager, mais pas pour y découvrir des paysages. Ce qui m’intéresse le plus, c’est la rencontre avec les gens qui habitent dans des pays loin du mien. J’aime voir comment ils vivent, comment ils pensent », raconte l’artiste qui chante dans pas moins de six langues (français, anglais, espagnol, italien, hébreu et grec). Et laquelle raconte le mieux l’amour? « L’hébreu, parce que c’est ma langue maternelle, celle de mon peuple. C’est tout le berceau de l’humanité qui s’y retrouve! »

Artiste engagé, il ne se cache pas pour donner ses opinions sociales et politiques. « Il faut bien se situer quelque part lorsque nous avons des engagements! Cependant, mon souci est de ne pas influencer les gens que j’aime. Je dis mes opinions, mais je ne les impose pas. Par contre, il y a des valeurs que je défends. Je veux que l’on m’écoute lorsqu’il s’agit de la paix, de la solidarité et de la générosité. Ce sont des valeurs très importantes à mes yeux », lance celui qui a reçu le titre de Chanteur de la paix en 1980.

Interview de Serge Drouin

Pour le Journal de Québec

3 Novembre 2009




Après sept ans d’absence, Enrico Macias revient au Québec pour une mini-tournée. À 71 ans, le chanteur éprouve toujours un immense plaisir de retrouver le public d’ici.

« J’ai eu l’occasion de venir à Montréal au cours des dernières années, mais je n’ai pas fait de tournée comme celle-ci depuis sept ans», dit le chanteur qui s’arrêtera notamment au Grand Théâtre de Québec le 6 novembre, après avoir visité le Saguenay (le 5), et avant de se rendre à Montréal (les 7 et 8, à l’Olympia) et à Gatineau (le 8).

« Je garde d’excellents souvenirs de Québec. Je me souviens que j’allais entendre Pierre Roche, à l’Auberge des Gouveneurs, toutes les fois que je venais ici », note Macias.

Le bonheur

S’il n’est pas venu nous voir durant toutes ces années, c’est que le chanteur a été très occupé « à travers le monde» au cours des dernières années.

Aussi, Macias a eu la douleur de perdre sa femme des 40 dernières années, en décembre 2008. « Comme elle a été assez malade, j’ai pris soin d’elle. Après son décès, je me suis accordé quelques mois de pause. En fait, c’est la deuxième tournée que je fais depuis qu’elle est morte. Il y en a eu une en juin et celle-ci », dit le chanteur.

Enrico Macias a toujours la passion de son métier. « Aller à la rencontre des gens, de l’amour des gens et de la musique, c’est ce qui me garde en vie. J’ai beaucoup voyagé grâce à mes chansons. C’est un grand bonheur, dit-il. Si je n’ai pas ça, je meurs », ajoute le chanteur qui n’a pas cessé de chanter la paix, l’amour universel durant toutes ces années. « Je crois toujours au pouvoir d’une chanson de changer les choses. La preuve, c’est que la musique m’a amené à devenir ambassadeur pour l’ONU. J’y fais des missions humanitaires et politiques. »

La forme

Pour garder la forme, Enrico Macias s’adonne à la natation. « C’est l’exercice que je conseille à tout le monde, le plus complet. En plus, il aide à perdre des calories… Je lis aussi et je regarde la télé. »

Ayant plus de 50 ans de carrière derrière lui, Macias dit qu’il est l’un des derniers à pratiquer le métier de cette façon, comme le font aussi Charles Aznavour ou Johnny Hallyday.

« Je pense que l’authenticité dans la musique que j’interprète et le fait de ne jamais avoir été à la mode ont fait que je suis toujours là. » Et il entend être là encore pendant des années…

Il est des nuits où l’on se tourne et se retourne dans son lit en pestant après ce sommeil qui nous fuit.
Mais parfois, comme pour moi ce matin, je me suis dit qu’une petite étoile m’avait tenue éveillée et guidée sur le net pour vous dénicher ces deux interviews d’Enrico sur les radios canadiennes

Caroline Duchesne a dialogué avec notre artiste pour l’émission « Tout l’monde debout » (Saguenay) sur la radio canadienne Rock détente le mardi 27 octobre 2009

Article « Le soleil
paru le 31 octobre 2009
Interview de Richard Boisvert
Photo d ‘Eric Labbé
(Québec) Enrico Macias n’est pas un chanteur comme les autres. Né à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, exilé en France après la guerre d’Algérie, il est aujourd’hui ambassadeur des Nations unies pour la paix et porte-parole du secrétaire général. Sa carrière de vedette internationale a été un tremplin pour promouvoir le dialogue entre les peuples. Entrevue avec un témoin privilégié de notre époque.
Q Il semble que vous apportez au monde plus que de belles chansons…
R C’est peut-être parce que j’ai vécu beaucoup d’épreuves dans ma vie. Ça m’a tellement marqué que la musique a été ma thérapie et le fait de chanter, un exutoire.
Q Chanter, pour vous, est un besoin profond?
R Oui, pour plusieurs raisons d’ailleurs. Quand j’étais en Algérie, je jouais dans l’orchestre de musique classique arabo-andalouse de mon beau-père (Raymond Leyris). Après son assassinat, j’ai été obligé de rentrer en France. C’était aussi la fin de la guerre d’Algérie. J’avais besoin de m’exprimer, mais j’étais complètement orphelin de cette musique. Je ne savais plus comment faire. Alors, j’ai créé un répertoire de façon à ce qu’on me comprenne, qu’on comprenne ma douleur. Ça a été comme une thérapie pour moi.
Q C’était donc plus fort que vous. Et c’était la seule issue?
R C’était la seule issue. J’avais quand même un métier, j’étais enseignant, mais je préférais m’adonner totalement à la musique, à la création et à une forme de chanson qui n’avait rien à voir avec la musique arabo-andalouse, mais dans laquelle on sent quand même son influence.
Q Dans laquelle on trouve beaucoup de soleil, de chaleur…
R Oui, bien sûr. Parce que je suis méditerranéen et que c’est dans ma nature.
Q Dans l’orchestre classique algérien, vous jouiez quel instrument?
R La guitare. C’est un instrument d’origine arabe. Elle s’est épanouie dans le flamenco, une forme où les musiques juive, musulmane et chrétienne se trouvaient complètement réunies. C’était un melting pot extraordinaire.
Q Vous pratiquez toujours la musique classique arabo-andalouse?
R Oui. Il y a quatre ans, j’ai donné uniquement des spectacles de musique arabo-andalouse. Je l’ai fait pendant trois ans pour rendre hommage à mon beau-père et, pour vous dire toute la vérité, pour me faire plaisir. Je ne pensais pas que ça allait marcher aussi bien. Le public, qui ne connaissait pas du tout cette musique, y a tout de suite adhéré. Mais j’avais commencé à interpréter cette musique dans mes spectacles il y a des années et des années.
Q Vous avez un peu ouvert la voie aux musiques du monde…
R Je suis l’ancêtre des musiques du monde. Quand j’en ai refait, j’avais la légitimité pour le faire.
Q On pourra en entendre dans votre nouveau spectacle?
R Oui, il y en aura dans mon spectacle.
Q Votre engagement politique est très important. Vous sentez-vous davantage chanteur ou militant?
R Tout dépend comment vous interprétez le mot politique. Pour moi, un politique, c’est celui qui veut se faire élire, occuper un poste. Moi, je suis engagé, je donne mes idées, je ne les impose pas. Je suis un témoin de mon temps. Ma politique, c’est de témoigner.
Q Et vous ne vous gênez pas pour le faire…
R Non, parce que je pense que ma notoriété doit servir à quelque chose. Pas seulement à entasser les médailles et les prix.
Q Peut-on dire de vos prises de position qu’elles sont un refus de céder à la peur?
R Je dirais qu’il ne s’agit pas de peur. Dire qu’on n’a pas peur, c’est très prétentieux, parce que la peur, ça ne se commande pas. Ce qui m’intéresse, c’est de combattre la lâcheté. Je ne veux pas être un lâche. Je veux être un courageux, reconnaître certaines peurs, mais ne pas refuser le combat.
Q Craignez-vous parfois pour votre propre sécurité?
R Vous savez, on a assassiné mon beau-père. C’était mon professeur, mon maître. Alors, je n’ai pas le droit d’avoir peur pour moi. Le mal est déjà fait.
Q Où trouvez-vous l’espoir, la joie, l’envie de chanter?
R J’estime que le sentiment de l’espoir doit être partagé par tout le monde. La vie n’est pas rose, il y a beaucoup de difficultés et d’épreuves. Le jour où l’espoir disparaît, il ne reste plus rien. Devant les problèmes, chercher une solution redonne l’espoir. Pour moi, l’espoir est comme une religion. C’est un sentiment essentiel pour surmonter les problèmes de la vie. Je n’ai pas eu une enfance très heureuse, ni une adolescence très heureuse. J’ai grandi dans la violence et dans la guerre. Heureusement qu’on avait l’espérance de s’en sortir. Je crois en l’espérance d’une façon religieuse. C’est sacré pour moi.
Q Au fond, vos chansons sont des prières…
R C’est vrai, c’est vrai. C’est juste, ce que vous dites. Je n’osais pas vous le dire, mais c’est vrai.
Q Vous avez écrit Noël à Jérusalem. Or, vous n’êtes pas chrétien, mais juif. Il y a là le signe d’une grande ouverture…
R J’ai une grande tolérance pour toutes les idées, toutes les religions. Je ne suis pas sectaire, je suis contre les ghettos. J’ai rêvé d’un Noël à Jérusalem que toutes les religions pourraient fêter ensemble.
Q Au fond, toute l’humanité partage la même espérance…
R Je le dis et je le chante depuis longtemps. J’ai écrit cette chanson en 1966 et elle est toujours d’actualité, malheureusement.
Q Il y a quelque chose qui, aujourd’hui, vous permet de continuer à espérer?
R L’amour du public et mon amour de la musique. D’autant plus que je viens de perdre mon épouse et que j’ai failli arrêter. Ce sont mes proches, et aussi le public, qui m’ont demandé de continuer parce qu’ils avaient besoin de moi et que je n’avais pas le droit d’arrêter.
Q Comment vivez-vous cela?
R C’est très, très dur. Le seul moment où je le vis bien, c’est lorsque je suis sur scène. La communion avec le public apaise ma douleur.
Q Donc, c’est moins douloureux de continuer?
R Pour le moment. Je ne sais pas si je vais tenir. Je m’accroche.
Q À votre manière, vous représentez un espoir pour l’humanité. D’ailleurs, vous êtes ambassadeur de la paix pour les Nations unies. Ce n’est pas un honneur que vous avez demandé…
R Ah non, je n’ai rien demandé! (rires) Je vais continuer à me battre pour ça. Parce que c’est un combat, je vous le dis franchement. C’est difficile. Mais j’y arrive. J’ai eu déjà quelques résultats.
Q Croyez-vous qu’en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, on s’ap­proche de la paix ou on s’en éloigne?
R On s’en approche. De toute façon, Israël et la Palestine n’ont pas d’autre choix que de faire la paix parce que la violence ne sert à rien du tout, des deux côtés. La paix, elle, va servir à quelque chose. Là, oui, ça sera beau. Ça sera un exemple dans le monde. Et je sais que ça va arriver. Il y a des gens qui me prennent pour un fou, mais jusqu’à présent, qui peut me dire que je me suis trompé? Elle est là, la force de l’espérance. L’espérance, c’est l’âme de la paix.
Vous voulez y aller?
QUI : Enrico Macias
QUAND : 6 novembre à 20h
: salle Louis-Fréchette
BILLETS : 55 $, 65 $, 85 $
TÉL. : 418 643-8131, 877 643-8131