Le chanteur le plus emblématique de toute la communauté des Juifs d’Afrique du Nord célèbre un demi-siècle de chansons ensoleillées avec Venez tous mes amis. Un florilège de ses plus grands tubes réinterprétés en duo avec des Israéliennes (Riff Cohen et Cabra Casay), un Oranais (Khaled), une Beurette (Sofia Essaïdi), des jeunes (Cali, Bruno Maman et Corneille), des anciens (Dani, Gérard Darmon) et même une ex-Première Dame, Carla Bruni…Rencontre avec une légende vivante pour toute la communauté juive et bien au-delà.

Depuis dix ans, le succès de Macias est une histoire de famille qui se confond avec celle de son fils, Jean-Claude Ghrenassia, qui contribue à l’orchestration, aux arrangements et à toute la production des titres de son papa.

« Collaborer avec mon fils n’était si son calcul, ni le mien », nous explique le chanteur, dans son appartement parisien. « Il a tout le temps été près de moi, mais il était très critique à l’égard de mes chansons, de la façon dont je les traitais. En fait, je me suis aperçu après que c’était un acte d’amour, car il cherchait à les améliorer. Il avait la qualité pour me faire évoluer. Mais surtout pour me corriger. Car à un moment donné, je me suis échappé de mes racines. En fait, j’essayais d’évoluer, de me renouveler, mais le résultat n’était pas terrible. Et lui, il a compris que je devais prendre un virage. Un jour, il a eu l’intelligence de me faire écouter mes premiers disques. Il m’a dit : regarde comment tu chantais avant, papa ! J’ai bien écouté et dans la foulée, il m’a refait écouter ce que je venais de faire. Et il m’a dit : tu vois la différence ? Là, je lui ai dit : mon fils, à partir de maintenant, tout ce que tu me diras de chanter je le chanterai à la lettre, parce que c’est toi qui a raison. Car tu as trouvé exactement ce qu’il me fallait. Même dans les arrangements, il a su imaginer précisément ce que je devais faire pour revenir dans la course ».

Pour cet album-ci aussi, Jean-Claude Ghrenassia a su dénicher les collaborations qui allaient permettre à son père de renouer avec ses plus grandes chansons. Ainsi, le chanteur Khaled contribue-t-il à sa chanson « L’Oriental » : « Il se trouve que mon fils avait travaillé sur le dernier album de Khaled », poursuit Enrico. « Jean-Claude lui a alors proposé d’enregistrer ce titre avec moi. Et Khaled a immédiatement accepté. Il est vraiment fabuleux ce mec. Et il me respecte énormément, car il aime aussi ce que je chante comme moi je peux aimer ce qu’il chante ».

Comme chez lui en Israël

Il y a toujours cet aspect émotionnel de voir un Juif et un Arabe partager le même micro. Car à chaque fois que Macias a tenté de chanter avec un chanteur du Moyen-Orient ou magrébin, ça a toujours posé un problème. Mais avec Khaled, cette fois, c’était différent, « c’était un vrai bonheur ». On retrouve aussi sur l’album la jeune Franco-Marocaine Sofia Essaïdi… « Elle est magnifique ! », s’enthousiasme le chanteur. « Sur ce CD, j’ai réuni des Beurettes, des Français de souche, deux Israéliennes Riff Cohen et Cabra Casay… c’est bien entendu Jean-Claude qui les a trouvées. Le courant est bien passé lorsque j’ai chanté avec elles. Riff est franco-israélienne donc elle parle français, par contre Cabra parle un peu moins bien… et j’avoue ne pas être le roi de l’anglais. D’ailleurs, à chaque fois que j’ai voulu chanter en anglais, ça a toujours été la grosse rigolade, non seulement dans l’orchestre, mais aussi dans le public ! ».

Enrico Macias s’est souvent produit en Israël et avoue se sentir « comme chez lui, à la maison là-bas » depuis son tout premier spectacle donné au Ekhal Atarbout de Tel-Aviv en 1965, où il était parvenu à réunir ensemble Juifs sépharades et ashkénazes. Désormais, lorsqu’il monte sur scène en Israël, c’est devant un public aussi mélangé en âges, embrassant au moins quatre générations devant lesquelles il est fier d’incarner toute cette tradition née de la musique arabo-andalouse.

« Il faut toujours se rappeler d’où on vient, qui on est et ce qu’on va être, parce que le présent n’existe pas », conclut Enrico Macias. « Le présent disparaît en deux secondes et devient le passé. Il ne reste alors que l’avenir, pour lequel on travaille, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Moi, je crois autant au passé qu’au futur, et c’est donc normal que j’évoque sans cesse ma judéité, car il ne faut jamais se renier ».

CD de Enrico Macias, Venez tous mes amis, AZ (Dist. Universal)

Jeudi 6 décembre 2012
Gérard Bar-David
Aericle paru sur le site CCLJ : http://www.cclj.be/article/1/3897

04 déc 2012 ⋅ par

Véritable star de la chanson française, Enrico Macias, chanteur, musicien, compositeur et acteur français fête cette année ses 50 ans d’une brillante carrière. 50 ans qu’il cherche à donner du bonheur au public avec une véritable ferveur.

Il nous dévoile son nouvel album Venez tous mes amis. Une exploration gourmande, fraternelle, chaleureuse

Une rencontre riche en émotion avec tribunejuive.info pour évoquer le riche passé de l’artiste, ses souffrances, ses joies, mais aussi  le présent et l’avenir proche.

Tribunejuive.info : 50 Millions d’albums vendus en 50 ans de carrière. Un talent intact et des chansons indémodables qui ont fait le tour de la planète. Quel est votre secret ?

Enrico Macias : Cinquante ans, c’est traditionnellement un jubilé donc ça se fête

Tout ce que je peux dire c’est que le fait de durer aussi longtemps est un grand bonheur. La longévité, c’est de la chance, ça vient d’une force extérieure qu’on appelle Dieu ou le destin

Le respect et l’amour que j’ai pour mon public, celui-ci me le rend bien

Quand je chante, les gens aiment mon authenticité, ma sincérité    .

Mon souci c‘est de me renouveler en gardant le même style, créer des chansons fortes qui touchent le cœur de chacun, et qui le touchent durablement. Je suis resté dans mon registre, attaché à mes racines musicales, et c’est un exercice très difficile

J’ai une bonne image dans la profession,  j’incarne les valeurs de la famille, je rassure.

TJ.INFO : Aimerez vous poursuivre l’aventure au cinéma ?

E.M : Quand je me suis échappé de la chanson pour le cinéma, ce fut une grande récréation pour moi, une expérience fantastique. J’ai beaucoup aimé jouer la comédie c’est une autre musique dans laquelle je me sens bien. Je pense avoir des dispositions pour cela il y a eu l’adhésion immédiate du public. J’aimerai poursuivre l’aventure mais avec des rôles plus élaborés, on peut faire rire et donner de l’émotion mais toujours avec de l’espoir

TJ.INFO : Avec cet album, “Venez tous mes amis » vous revisitez votre répertoire qui a marqué toute une génération et interprétez des duos avec divers artistes. Pourquoi ?

E.M : Pour l’occasion je reviens avec mon répertoire dans de nouveaux arrangements de mon fils, le contrebassiste et producteur Jean-Claude Ghrenassia, associé pour l’écriture des cordes à Jean Claudric, artisan de beaucoup de mes succès historiques. J’interprète quatorze de mes compositions, mes plus grandes chansons en duos avec des copains de toujours et de jeunes amis. On y retrouvera Adieu mon pays” avec Cali, “L’Oriental” avec Khaled, “Les Filles de mon pays” avec Dany Brillant, “Les Gens du Nord” avec Carla Bruni, “Le Mendiant de l’amour” avec Mikael Miro, “Dis-moi ce qui ne va pas” avec Natasha Saint Pier., je partage un regard singulier sur mon pays natal en chantant avec Serge Lama L’Algérie, une chanson qu’il a créée.

En fait, c’est une exploration originale d’une œuvre fraternelle et chaleureuse à l’image de l’homme que je suis, c’est un cocktail qui ne laisse pas indifférent.

TJ.INFO : Pourquoi avoir proposé à Carla Bruni de chanter avec vous en duo ? Est-ce en raison de votre proximité avec l’ancien président de la République

E.M : C’est vrai que je suis très proche de Nicolas Sarkozy  Nous défendons les mêmes valeurs, la fidélité en amitié, voilà, c’est pour ça que je l’aime J’ai connu Carla Bruni avant même qu’elle ne devienne l’épouse de Nicolas Sarkozy. J’ai fait une émission à la télévision avec Line Renaud en 2004 pour Solidarité Sida et j’ai chanté en duo avec elle  Les gens du Nord. C’est cette chanson que nous avons choisi d’interpréter ensemble au moment de l’élaboration du disque quand je l’ai invitée à y participer et cela donne un très beau duo.

TJ.INFO : Quelle est la chanson à laquelle vous êtes le plus attaché ?

E.M : Je n’ai rien oublié de mes débuts je les aime toutes, mais c’est avec Adieu mon pays que j’ai commencé ma carrière de chanteur en France et qui a eu le succès que l’on sait. Elle a été la chanson qui m’a révélé au grand public, elle est mon porte-bonheur

TJ.INFO : Cet album est-il un adieu ?        

E.M : Bien au contraire, ce disque est un nouveau tremplin, un deuxième souffle. J’ai toujours envie d’écrire des chansons, de chanter et de multiplier les tournées partout dans le monde

TJ.Info : Regrettez-vous encore de ne pas avoir chanté en Algérie, votre pays natal ?

E.M : je suis le symbole de l’exil. Oui, le fait d’avoir quitté mon pays, de ne pas pouvoir y retourner depuis 1961, je vis cela très mal. Je me sens vexé, humilié, insulté mais je garde l’espoir. C’est une très-très grande blessure. Mais j’arrive à me soigner par la musique et par l’amour des gens. Je sais que tôt ou tard la volonté du peuple s’exprimera et que cette blessure sera guérie

TJ.INFO : Israël a toujours occupé une place de choix dans votre cœur et dans votre carrière. Que pensez-vous des derniers événements ?

E.M : Je n’ai jamais caché mon profond attachement à Israël. Le peuple juif a toujours vécu des périodes difficiles, mais on est toujours là. Dieu nous protège et remplit son contrat. Je soutiens mes frères, je suis tout près  d’eux. Je suis contre la violence je ne considère pas qu’Israël attaque les palestiniens, bien au contraire, il doit défendre sa sécurité et celle de ses habitants. Les palestiniens veulent passer pour des victimes aux yeux du monde, ils utilisent très bien les medias pour cela. Il y a des influences néfastes pour les deux parties Quand vous voyez le président d’un Etat arabe comme la Syrie massacrer son propre peuple, je pense que la communauté internationale voit réellement comment se passent les choses. Mais j’ai confiance, les choses sont en train de bouger, j’aimerai que les arabes pensent comme moi

T .J.INFO Même si vous vous défendez de faire de la politique, en homme de cœur, vous cherchez à faire passer vos idées de paix et de solidarité en parcourant la planète .Vous êtes ambassadeur pour la paix à l’Onu, une nomination prestigieuse ?

E.M : Je prône l’amour et la paix, c’est mon combat permanent Je veux faire partie de ces gens qui ont apporté quelque chose à l’humanité ».
La défense des enfants dans le monde; c’est essentiel. J’accompagne toujours ce que je dis dans mes chansons ou mes interviews, par des actes

En 1978, j’ai été invité par le président Anouar El Sadate à me rendre en Egypte où je me suis produit devant 20.000 personnes au pied des pyramides, et mon message était celui de la paix. « Aimez-vous les uns les autres » Kurt Waldheim, alors secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies me remet en novembre 1980 le titre de « Chanteur de la Paix » et en 1997, j’ai été intronisé par Kofi Annan, le Secrétaire général de l’Onu, Ambassadeur itinérant pour promouvoir la paix et la défense de l’enfance dans le monde ».

TJ. INFO : Vous êtes de retour à l’Olympia pour un concert unique ?

E.M : Après m’être produit du 7 au 9 septembre, sur la mythique scène de l’Olympia, un endroit que j’adore, j’ai voulu poursuivre avec éclat cet anniversaire en offrant à mon public la possibilité de me voir sur scène pour une rétrospective, une soirée hommage toute en émotion.  Je donnerai un concert exceptionnel le 22 Janvier

Un Rendez-vous à ne pas manquer.

Propos recueillis par Sylvie Bensaid

Photos : Studio Lehaim 0660769060

Article paru sur TJ INFO ; http://www.tribunejuive.info/spectacles/50-ans-de-carriere-pour-une-legende

Le chanteur qui célèbre ses cinquante ans de carrière donnera un concert à Hyères, en hommage aux deux gendarmes assassinées dans le Var. Au profit de l’association Étoiles bleues

Enrico Macias célèbre cette année ses cinquante ans de carrière. Une vie de musique et de partage, à la rencontre de son public. Il a chanté l’exil et la tolérance. La nostalgie et la paix. Quand deux femmes gendarmes ont été assassinées à Collobrières, le 15 juin dernier, il a été ému et choqué. Quand on lui a proposé de tendre la main à l’association qui se bat aujourd’hui pour faire vivre leur mémoire, il a aussitôt accepté. Tout simplement. Et les choses sont allées vite.

Depuis les premiers contacts mi-octobre, l’idée d’un concert a germé. Très vite l’infrastructure du spectacle s’est mise en place. Ce sera au casino d’Hyères.

Avec la complicité du producteur Charley Marouni, et celle du fils d’Enrico Macias, Jean-Claude Ghrenassia. Sur scène, il y aura aussi le musicien et ami Mickaël Modrany, qui a œuvré pour que cette soirée existe.

Ce concert « Deux voix pour deux étoiles » aura lieu le 21 décembre. Un concert pas comme les autres.

L’assassinat d’Alicia Champlon et Audrey Bertaut a provoqué un choc dans l’opinion publique. Deux femmes gendarmes abattues, de manière très violente. Vous aussi avez été choqué ?

J’ai appris avec beaucoup de peine ce qui est arrivé. Deux gendarmettes lâchement assassinées. Ce sont deux innocentes qui sont parties pour rien. J’ai horreur de la barbarie. Elles n’ont rien fait. Elles n’étaient même pas en service commandé. Elles ne devaient pas risquer leur vie ce soir-là.

Comment avez-vous connu l’association Étoiles bleues ?

Une connaissance m’a remis le bracelet bleu de l’association. Au départ, c’était juste pour faire une photo. J’ai complètement adhéré. J’ai promis de faire quelque chose pour elles. On m’a proposé un concert et j’ai accepté.

C’est un geste très généreux.

Ce n’est pas un cadeau, c’est presque rien ! Si je pouvais faire quelque chose pour que ces choses-là n’arrivent pas. C’est juste une idée pour faire du bien.

Comment voyez-vous ce concert ?

Ce ne sera pas un moment triste, pas du tout. Je veux que ce soit la fête, car la fête, c’est l’espérance. Et ce sera en leur honneur. Mais ce sera quand même un concert un peu différent des autres.

Avez-vous déjà choisi les morceaux que vous jouerez ?

Des chansons anciennes et des nouvelles, c’est toujours un mélange savant. Je chanterai une chanson en particulier pour Alicia et Audrey. Peut-être « Malheur à celui qui blesse un enfant ». Ou plutôt « Un berger vient de tomber », chanson que j’ai écrite en hommage au président Sadat assassiné*.

Les bénéfices de la soirée seront offerts.

Bien sûr ! Les musiciens seront payés, moi je viens gratuitement.

Vous célébrez vos cinquante ans de carrière. C’est une vie !

Je ne peux pas m’imaginer me lever le matin et ne pas chanter. Je ne peux pas m’arrêter. Je le ferai tant que je le pourrai. Je pars prochainement pour Londres, où je vais chanter le 8 décembre. [Le 22 janvier, le chanteur sera à l’Olympia à Paris].

*Le président égyptien (prix Nobel de la paix) a été assassiné en 1981 par des intégristes musulmans, opposés aux négociations de paix engagées avec Israël.

 

Article paru sur le site de Var Matin CLIQUEZ ICI