Enrico Macias : Un demi-siècle de soleil…

Le chanteur le plus emblématique de toute la communauté des Juifs d’Afrique du Nord célèbre un demi-siècle de chansons ensoleillées avec Venez tous mes amis. Un florilège de ses plus grands tubes réinterprétés en duo avec des Israéliennes (Riff Cohen et Cabra Casay), un Oranais (Khaled), une Beurette (Sofia Essaïdi), des jeunes (Cali, Bruno Maman et Corneille), des anciens (Dani, Gérard Darmon) et même une ex-Première Dame, Carla Bruni…Rencontre avec une légende vivante pour toute la communauté juive et bien au-delà.

Depuis dix ans, le succès de Macias est une histoire de famille qui se confond avec celle de son fils, Jean-Claude Ghrenassia, qui contribue à l’orchestration, aux arrangements et à toute la production des titres de son papa.

« Collaborer avec mon fils n’était si son calcul, ni le mien », nous explique le chanteur, dans son appartement parisien. « Il a tout le temps été près de moi, mais il était très critique à l’égard de mes chansons, de la façon dont je les traitais. En fait, je me suis aperçu après que c’était un acte d’amour, car il cherchait à les améliorer. Il avait la qualité pour me faire évoluer. Mais surtout pour me corriger. Car à un moment donné, je me suis échappé de mes racines. En fait, j’essayais d’évoluer, de me renouveler, mais le résultat n’était pas terrible. Et lui, il a compris que je devais prendre un virage. Un jour, il a eu l’intelligence de me faire écouter mes premiers disques. Il m’a dit : regarde comment tu chantais avant, papa ! J’ai bien écouté et dans la foulée, il m’a refait écouter ce que je venais de faire. Et il m’a dit : tu vois la différence ? Là, je lui ai dit : mon fils, à partir de maintenant, tout ce que tu me diras de chanter je le chanterai à la lettre, parce que c’est toi qui a raison. Car tu as trouvé exactement ce qu’il me fallait. Même dans les arrangements, il a su imaginer précisément ce que je devais faire pour revenir dans la course ».

Pour cet album-ci aussi, Jean-Claude Ghrenassia a su dénicher les collaborations qui allaient permettre à son père de renouer avec ses plus grandes chansons. Ainsi, le chanteur Khaled contribue-t-il à sa chanson « L’Oriental » : « Il se trouve que mon fils avait travaillé sur le dernier album de Khaled », poursuit Enrico. « Jean-Claude lui a alors proposé d’enregistrer ce titre avec moi. Et Khaled a immédiatement accepté. Il est vraiment fabuleux ce mec. Et il me respecte énormément, car il aime aussi ce que je chante comme moi je peux aimer ce qu’il chante ».

Comme chez lui en Israël

Il y a toujours cet aspect émotionnel de voir un Juif et un Arabe partager le même micro. Car à chaque fois que Macias a tenté de chanter avec un chanteur du Moyen-Orient ou magrébin, ça a toujours posé un problème. Mais avec Khaled, cette fois, c’était différent, « c’était un vrai bonheur ». On retrouve aussi sur l’album la jeune Franco-Marocaine Sofia Essaïdi… « Elle est magnifique ! », s’enthousiasme le chanteur. « Sur ce CD, j’ai réuni des Beurettes, des Français de souche, deux Israéliennes Riff Cohen et Cabra Casay… c’est bien entendu Jean-Claude qui les a trouvées. Le courant est bien passé lorsque j’ai chanté avec elles. Riff est franco-israélienne donc elle parle français, par contre Cabra parle un peu moins bien… et j’avoue ne pas être le roi de l’anglais. D’ailleurs, à chaque fois que j’ai voulu chanter en anglais, ça a toujours été la grosse rigolade, non seulement dans l’orchestre, mais aussi dans le public ! ».

Enrico Macias s’est souvent produit en Israël et avoue se sentir « comme chez lui, à la maison là-bas » depuis son tout premier spectacle donné au Ekhal Atarbout de Tel-Aviv en 1965, où il était parvenu à réunir ensemble Juifs sépharades et ashkénazes. Désormais, lorsqu’il monte sur scène en Israël, c’est devant un public aussi mélangé en âges, embrassant au moins quatre générations devant lesquelles il est fier d’incarner toute cette tradition née de la musique arabo-andalouse.

« Il faut toujours se rappeler d’où on vient, qui on est et ce qu’on va être, parce que le présent n’existe pas », conclut Enrico Macias. « Le présent disparaît en deux secondes et devient le passé. Il ne reste alors que l’avenir, pour lequel on travaille, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Moi, je crois autant au passé qu’au futur, et c’est donc normal que j’évoque sans cesse ma judéité, car il ne faut jamais se renier ».

CD de Enrico Macias, Venez tous mes amis, AZ (Dist. Universal)

Jeudi 6 décembre 2012
Gérard Bar-David
Aericle paru sur le site CCLJ : http://www.cclj.be/article/1/3897

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