Enrico Macias: « Nice m’a porté bonheur »

Enrico Macias, ce dimanche à Nice, dans sa loge du Palais de la Méditerranée.

« Le public me donne de l’énergie », dit-il. Mais en a-t-il vraiment besoin ? A 72 ans, l’homme déborde de vitalité. Enrico Macias nous reçoit dans sa loge du Palais de la Méditerranée, à Nice. Dans quelques instants, il va enchanter le public avec les chansons de son dernier album à paraître ce lundi, « Voyage d’une mélodie », périple à travers les musiques juives, du Maghreb à l’Europe centrale. Son portable se met à résonner, en guise de sonnerie, on entend les premières notes d’ « Adieu mon pays », son premier succès en 1962…

Vous chantez depuis si longtemps ! Vous avez toujours autant la foi ?

Plus que jamais.  L’an prochain, je fête mes 50 ans de carrière. C’est une grande chance ! J’ai donné mon premier spectacle à Nice, au théâtre de Verdure, à 300 mètres d’ici, c’était en 1962. Je ne pensais pas que ça allait durer aussi longtemps.

Dans votre dernier album, on voyage beaucoup, du Maghreb à l’Europe centrale. Un trait d’union entre l’Orient et l’Occident, ces deux univers entre lesquels vous n’avez cessé de naviguer?

J’ai toujours voulu construire des ponts entre les cultures, rapprocher les gens en apportant l’Orient à l’Occident et l’Occident à l’Orient. Je veux croire que ce n’est pas tout à fait une utopie puisqu’on m’écoute depuis un demi-siècle.

Si vous deviez retenir une seule chanson de votre nouvel album, ce serait laquelle ?

« Ne dis pas ». Elle a été écrite dans le ghetto de Vilnius à l’époque de la Shoah. Le compositeur, Hirsch Glick, a écrit un texte plein d’espoir alors qu’il était en train de mourir.

Le « printemps arabe » vous remplit-il d’espoir, vous qui n’avez cessé d’être le chantre de la paix et de la fraternité entre les peuples ?

C’est un signal extraordinaire, un immense espoir de paix. Sauf en Libye, où la répression est sanglante. Mais Kadhafi ne peut gagner, la communauté internationale finira par le dégommer.

Pas de crainte concernant un regain de l’islamisme dans ces régions ?

Les islamistes eux-mêmes ont été pris de court par ce printemps.

Des inquiétudes pour Israël dont l’isolement pourrait s’aggraver ?

Si les révolutions en cours aboutissent à la démocratie, Israël aura des voisins démocrates comme lui et les chances de paix augmenteront.

Vos tentatives pour chanter sur votre terre natale, l’Algérie, ont jusqu’ici échoué à cause du refus des autorités. Avez-vous encore un espoir ?

Le peuple algérien est aussi frustré que moi de cette situation. Mais je laisse toujours une porte ouverte.  Il ne faut jamais dire jamais. Je pourrai peut-être y retourner grâce au changement…

A Nice, des anciens combattants et des rapatriés veulent commémorer les 50 ans du putsch d’Alger. Que pensez-vous de cette initiative ?

C’est leur droit. Ce putsch fait partie de l’Histoire. Ce fut une espérance pour les pieds-noirs.

Êtes-vous toujours ambassadeur de la paix pour l’ONU ?

Oui. Je viens d’effectuer une mission en Afrique pour la lutte contre le Sida. J’ai obtenu des médicaments gratuits pour les malades.

Vous avez soutenu Nicolas Sarkozy en 2007. Que ferez-vous en 2012 ?

La même chose.

Même si Dominique Strauss-Kahn se présente ?

Je suis pour Sarkozy quel que soit l’adversaire. Mais si Sarko ne se présente pas, je soutiendrai DSK. C’est assez clair ?

Vous chantez ce dimanche à Nice, face à la Méditerranée. Que vous évoque cette ville ?

C’est la ville de mes débuts. J’y ai roulé ma bosse avec ma guitare. Elle m’a porté bonheur pour toute ma carrière. C’est là aussi que j’ai été accueilli, en 1962 par mon oncle, Gilbert Zerbid qui était propriétaire du restaurant Le Saint-Germain, rue Croix-de-Marbre.

Si vous aviez un dernier rêve à réaliser, ce serait lequel ?

L’une de mes chansons s’appelle « Noël à Jérusalem ».  Mon rêve, ce serait un Noël dans cette ville sainte, télévisé dans le monde entier, avec les trois religions monothéistes rassemblées.

Article paru dans  Nice matin

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