Enrico Macias : «Le débat sur l’identité nationale ne me plaît pas»

 Enrico Macias revient en pleine lumière avec «Voyage d’une mélodie», un nouvel album cosmopolite.
| LP / Jean-Baptiste Quentin

 

Il reçoit à la maison. Un vaste appartement en plein cœur de Paris. Un piano trône dans le salon. C’est là qu’Enrico a travaillé certaines chansons de son nouvel album, « Voyage d’une mélodie », qui sort aujourd’hui. Un disque qui permet au chanteur de 72 ans de revenir à la musique après la disparition de son épouse en 2008.

Vous chantez en français, en yiddish, avec le chanteur kabyle Idir. C’est un engagement?
ENRICO MACIAS. Non, c’est ce que je suis. Mais c’est vrai que c’est étrange. J’ai eu envie notamment de chanter deux chansons qui sont des hymnes tunisiens dont « Taht l’el fil yasmin », c’est « l’Histoire du jasmin ». Et quand je l’ai enregistrée, il ne se passait rien là-bas. C’est une agréable surprise. Le monde bouge, mais je ne crois pas au chaos. Cela se passe mal en Libye, où la révolution est baignée dans le sang. Mais on ne peut pas l’arrêter. Khadafi ne peut pas gagner.

Le changement peut-il arriver en Algérie?

Ils gagnent beaucoup d’argent avec le gaz et le pétrole et ne distribuent pas au peuple leurs richesses. Mais le problème, c’est que l’on ne sait pas qui gouverne là-bas. Bouteflika? L’armée? Si les Algériens se révoltent pour débarquer Bouteflika, ils ils n’auront pas réglé le problème pour autant.

Cet album multiculturel paraît bien loin du débat sur l’identité nationale lancé par votre ami Nicolas Sarkozy…

Je soutiens aussi bien le président que certaines valeurs auxquelles je tiens. Ce n’est pas incompatible. Je trouve que Nicolas Sarkozy est un grand président. Je l’aime et je suis content d’être son ami, mais quand je ne suis pas d’accord avec lui, je le lui dis, comme sur l’histoire des Roms. J’aurais préféré que l’on trouve des solutions plus dignes. Le débat sur l’identité nationale ne me plaît pas non plus. Quand je suis arrivé d’Algérie, en 1962, je pensais que les Français allaient m’accueillir comme l’un des leurs et ils m’ont considéré comme un étranger. Je crois davantage à la diversité qu’à l’identité.

Mais vous chanterez encore « Ah qu’elles sont jolies les filles de Sarkozy » en 2012?

J’ai été critiqué quand je l’ai fait le soir de son élection. Je savais que les filles de Cécilia n’étaient pas celles du président, mais c’était les filles de France dont je parlais. C’était un clin d’œil.

Il y a quelques mois, on vous disait au bord de la ruine, victime de la crise.

Non, ce n’est pas ça. En fait, j’ai été victime de malversations d’une banque islandaise. Je voulais une certaine somme pour des travaux dans ma maison. Je ne vous dirai pas combien, ce serait indécent pour les gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Cette banque a voulu me faire emprunter beaucoup plus, a mis en garantie une hypothèque sur ma maison et n’a jamais donné l’intégralité de la somme. Elle en a dilapidé près de 90%. Elle a fait cela avec 440 maisons françaises et 3 500 en Europe. J’ai engagé une procédure pour lever l’hypothèque qui va aboutir et fera gagner ensuite toutes les victimes.

Pour vous, cet album, c’est aussi une manière de renaître à la vie?

Oui, ce disque m’a fait du bien après la mort de ma femme, Suzy. Cela m’a consolé, m’a donné de l’oxygène. Avant de partir, Suzy a dit à son fils : « J’ai la trouille. » Mais elle a eu un courage fou. Elle était malade depuis très longtemps, m’a donné deux enfants alors que c’était compliqué. Elle a beaucoup souffert. Sa mort m’a donné une force supplémentaire face à tout ce que je crains. Avant j’avais peur de la mort. Je n’ai plus le droit désormais.

En concert du 24 au 27 mars à Paris à l’Olympia. Tournée à partir du 9 avril.
 Le Parisien

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