"Né en 1914 à Jemmapes (actuelle Azzaba) dans le département de Phillippeville (Skikda).
Fils de marchands de tissu, il fait ses premières classes en compagnie des jeunes musulmans en apprenant le coran. A l'âge de 16 ans, il quitte Azzaba pour Constantine où il doit préparer un diplôme de comptabilité et séjourne, en jeune célibataire, à l'hôtel Georges V à la jonction des rues de France et Caraman.
Il découvre les musiques constantinoises en écoutant particulièrement Maurice Draï ( grand maître). Il émerge dans le sillage de Raymond Leyris dont il sera le violoniste attitré, l'ami et l'alter ego. Il prend part, avec lui, à l'animation de l'une des plus fécondes périodes de la musique constantinoise, au travers des fêtes, des manifestations publiques et surtout de l'enregistrement de disques et d'émissions.
Installé en France en 1961, il observe une forme de deuil qui ne sera rompu qu'à la moitié des années 1970. Sylvain se révèle alors comme un chanteur à part entière et fédère autour de son travail toute la diaspora constantinoise qui fait du "Maroc" puis du "Chez Jean Claude" (établissements parisiens) les hauts lieux de la mémoire constantinoise. Il s'est aussi produit sur les scènes françaises en compagnie de son fils Gaston qui lui a dédié une chanson d'hommage intitulée "Le violon de mon père". Il décède en 2004 et est enterré au cimetière juif de Pantin.
SYLVAIN, VIOLON ALTO ET MALOUF :
A Constantine, la légende de Mohamed Tahar Benmerabet se transmet de génération en génération, sans doute sulfureuse, car l'homme avait la réputation de brûler la vie par tous les bouts, et tout autant tragique par sa fin dans la solitude et la précarité. Les foundouks qu'il avait hantés avec une obsédante fidélité, avaient constitué ce lieu magique où le personnage se transfigurait et d'où montaient lamentos et pizzicato d'un violon à jamais égalé et dont la maniement de l'archet est encore aujourd'hui l'ultime réfrence esthétique de Constantine................
De gauche à droite, on peut reconnaitre :
Abdelhak Bennabes (qui joue aux nagharettes dans l'orchestre de Raymond)
Raymond Leyris, Mustapha Skandrani, Alexandre Juda Nakache et Sylvain Ghrenassia debout
D'autres violonistes – on peut citer Haroun Benzarti, Mohamed Zerkine – ont eu aussi suffisamment de talent pour justifier la place du violon par rapport au règne sans partage du "Oud Arbi" et il a fallu attendre l'exceptionnelle trajectoire de Raymond Leyris pour que l'instrument, sous les doigts de Sylvain Ghrenassia, acquiert sa légitimité dans la formation musicale constantinoise. Il n'est alors que plus remarquable que le violon ait pu, par la suite et dès les années 1950, se substituer progressivement au "Oud", sous la conduite virtuose de Mohamed Tahar Fergani dont le style et le goût des figures libres devaient faire école et façonner, deux décennies durant, le destin des héritiers comme Mouloud Bahloul, Kamel Bouda, Djamel Bensemmar...................."