C'est un concert dont l'organisation aura été plus longue et difficile que n'importe quelle autre.
Juste après la venue d’Anouar El Sadate en Israël et la signature de la Paix entre les deux pays, Enrico réalise très vite que c'est là la conjoncture la plus favorable pour aller chanter dans le pays d'Oum Kaltoum et Mohamed Abdelouahab. C'est pour lui l'immanquable occasion de dissiper son sentiment de frustration en accomplissant deux actes importants dans sa vie d'homme et d'artiste.
Le premier est bien évidemment celui de chanter la paix dans un pays qui, hier encore, était ennemi et qui a été à l'origine de deux guerres avec Israël. C’est aussi chanter dans le berceau de la musique orientale qu'il connait bien et où il veut faire ses preuves.
Le deuxième est motivé par la volonté de réagir à l'injustice qui lui a été faite par l’interdiction de chanter dans les pays arabes.
Nous sommes au mois de Mai 1979 et le concert doit avoir lieu le 19 Septembre de la même année. Enrico en prend rapidement et personnellement l'organisation en main. Il commence par prendre contact avec son imprésario en Israël, un certain Chmoulik. Ce dernier lui assure qu'il fera tout son possible pour mettre au point tous les détails de son déplacement. Mais signer la paix avec un pays voisin implique un protocole diplomatique et militaire aussi long que compliqué qui, en toute logique, prime sur le coté culturel. Et même le grand Vic Talar rencontre des difficultés à organiser et apporter les derniers réglages de ce grand événement. Et pourtant, c'est avec son expérience et son savoir faire que sera signé le contrat final.
De longs épisodes de doute ont émaillé ces préparatifs jusqu'à ce que Radio Tel-Aviv appelle notre artiste pour l'informer que le président égyptien, en personne, vient de demander officiellement à l'état d'Israël de prendre contact avec lui pour qu'il accepte de venir chanter au Caire.
Et c’est avec le sponsoring et les moyens de RTL qu’Enrico, accompagné de Sylvain et toute son équipe, part pour donner 3 galas. Deux sont prévus au Caire dont l’un est au profit des œuvres de la "first lady", et le dernier doit se dérouler au pied des pyramides.
Avec un répertoire riche de chansons de paix et de fraternité, Enrico n'a que l'embarras du choix pour exprimer ses sentiments dans son tour de chant. Deux ans auparavant, Jacques Demarny lui a signé un très beau texte de paix dont la musique orientale était déjà dans les "tiroirs de la mémoire" de Gaston. "La folle espérance", puisque c'est de cette chanson dont il s'agit, est sûrement la plus significative de ce gala mémorable qui, comme d'habitude, est un triomphe. Le violon constantinois de Sylvain et la musique orientale ont ravi le public égyptien averti. "La musique et moi" qui sera la première chanson de ce spectacle sera suivie par le célèbre "Liltkoum saïda!!" (Bonsoir) qui engendrera immédiatement la communion, l'osmose, la réception à bras-le-cœur.
La fête maciacienne quoi !!!
Plus tard, Enrico dira qu'il aurait aimé chanter jusqu'à l'éternité.................
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