Si "Adieu mon pays" a peiné à connaitre le succès grâce aux efforts de Vic Talar, l'euphorie qui a suivi est vite retombée, entraînant à nouveau Enrico dans la désinvolture des responsables de Pathé-Marconi. Mais la forte émotion suscitée par la naissance d'"Enfants de tous pays" , le succès et le bonheur qu'elle a engendrés, ont marqué l'entrée parmi les gens d'exception d'un grand Monsieur. Bien qu'il soit peu ou pas du tout connu du grand public, cet homme a pourtant laissé les grandes traces de ses "paluches" dans la culture française.
Découvrant les césures, les consonnes d'appui et autres techniques d'écriture, étant sûr de la naissance d'un succès après les parfaites orchestrations d'Anne Huruguen, Enrico s'en va aux studios de Boulogne rendre visite à ses copains techniciens où il fait la connaissance d'un certain Maurice Villermet.
Nouvellement engagé chez Pathé-Marconi, ce dernier s'occupe des disques pour enfants et de Bourvil. Apprenant l'état d'abandon de Gaston, il lui promet de parler de lui lors de la prochaine réunion des directeurs au siège social. Ceux-ci, trop contents de se décharger du cas Macias, lui donnent carte blanche pour toute initiative.
Dès la première écoute d'"Enfants de tous pays", Villermet exprime lui aussi la même euphorie que toute l'équipe et donne des instructions pour que le disque soit enregistré le plus tôt possible.
Comme nous le savons, le succès est immédiat, à tel point que, lorsque quelques jours plus tard, Jacques Demarny et Pascal-René Blanc proposent "La femme de mon ami", ce même Maurice Villermet demande l'édition d'un 45T comportant "Enfants de tous pays" sur la face A et la nouvelle chanson sur la face B. Et c'est ainsi que le disque se vend à plus d'un million d'exemplaires permettant à Enrico de connaître le plus grand succès et la plus importante vente de sa carrière.
Après avoir acquis une grande expérience aux éditions Barclay où il avait une direction de parution, Villermet se retire sur la pointe des pieds pour devenir critique de télévision dans un quotidien de province.
Plus tard, Enrico dira de lui: "Un homme au visage lunaire d'un pierrot démaquillé, patient à en devenir passif, contemplatif et doux. Les années pendant lesquelles nous avons travaillé ensemble furent les plus enrichissantes que j'ai connues".